SHEHERON
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 La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra

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GOD ☞ i'm a fighter

Markus S. Blackrain

Markus S. Blackrain
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☞ ARRIVÉ(E) LE : 22/01/2012
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☞ CITATION: « Je lui aurais volontier pardonné son orgueil s'il n'avait pas blessé le mien »
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MessageSujet: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeMer 22 Fév - 12:08


“ Même si les traits des visages nous restent de pierre, je vois au fond de nos âges une tristesse amère, qui nous étouffera, alors il faut la tuer, en apprenant à aimer sans chasser le passé „


J’enfilais ma chemise puis ma veste. Je n’avais pas pris la peine de bien m’habiller aujourd’hui, je n’avais pas de grand événement. J’avais entendu dire que le Conseil prenant des décisions pour Sheheron avait repoussé leur réunion… Étrange, mais je ne cherchais pas plus loin. Ils étaient libres de faire ce qu’ils veulent. En discutant avec un des membres du Conseil, William Meanwell (Chef de la Diplomatie selon ma mémoire), j’ai appris que l’inconnue portait le nom de Leandra, et que son mari s’appelait effectivement Warand. Je chassais son image de mes pensées, ayant promis de l’oublier. Je prenais mon sac en cuir que je portais en bandoulière, et mon épée, et me retournais enfin vers la personne qui était avec moi. « Tu demandes combien ? » La jeune femme, nue, sembla réfléchir un instant avant de me donner son prix. Je sortis une bourse remplie de pièces de Sheheron et déposais l’argent sur son ventre. « À bientôt peut-être, beau Seigneur » me murmura-t-elle à l’oreille de façon plutôt sensuelle. Je lui souris rapidement et quittai sa chambre. Et dire que même à Sheheron, les maisons closes existaient.

Arrivé dans la ruelle, je dus mettre un peu de temps avant de m’habituer à la chaleur. Le garde qui devait me suivre partout vint rapidement se placer derrière moi, et je commençais à marcher, tranquillement. Ce « chien » m’agaçait un peu, mais je ne pouvais le renvoyer : il avait un billet écrit de la main de mon père l’obligeant à veiller sur ma sécurité… Comme si je n’étais pas assez grand ! M’enfin, il ne me dérangeait pas tant que ça ; encore heureux. J’arrivais sur la place du marché, lieu que j’affectionnais tout particulièrement. Il était vivant et je n’avais pas toujours l’impression de passer pour un étranger. La plupart des commerçants devaient gagner leur vie pour nourrir leur famille, alors l’acheteur leur importe peu. Passant devant un marchant de fruits, je m’achetais une pomme — curieux, nous avions quasiment les mêmes fruits sur le Continent, à quelques exceptions près — et continuais ma balade, toujours suivi du soldat.

« Va chercher Aleksander Hope, s’il te plaît. La ville n’est pas grande, tu devrais le trouver rapidement »« Mais le Roi m’a ordonné de veiller sur vous »« Et tu crois que si je me fais attaquer, un seul soldat sera suffisant contre tous ? » Un silence s’installa et le jeune homme, dix-neuf ans maximum, baissa la tête. Je lui souris, et essayais de le détendre un peu plus. J’aimais être autoritaire, mais pas trop non plus. « Allez, va. Je resterai sur le marché » Il hocha la tête et partit dans la direction opposée pour tenter de retrouver Alek. J’avoue que c’était un peu une excuse pour pouvoir être seul en plein jour, ce qui ne m’était pas arrivé depuis moins de trois jours. Je prenais une grande inspiration, profitant de cet air chaud mais pur qu’était celui de Sheheron. Je n’avais pas toujours vécu au soleil, autant savourer ce séjour.

Après la zone des marchands de fruits et légumes, il y avait celles des meubles et objets, ainsi que broutilles. Zone très intéressante pour des personnes ne vivant pas sur l’île. Certains achetaient de quoi offrir à leurs familles, d’autres de quoi se divertir durant les jours avenir, et d’autres encore achetaient par simple envie de dépenser. Un peu plus loin, je vis un petit amas de personnes qui semblaient agitées et surexcitées. Intrigué et curieux, je m’en approchais pour en faire partie intégrante. C’était une dispute qui avait lieu entre un de mes officiers et un commerçant. Ils parlaient dans ma langue, même si le vendeur avait beaucoup de mal. « Moi pas être Sauvage ! »« Tu ne parles même pas correctement et tu oses dire que tu n’en es pas un ! Regarde tes vêtements et ton fils ! »« Vous venir comme voleurs et vous dire nous être animaux ?! Réfléchir avant parler ! »« Je ne suis pas un voleur mais dés que la guerre sera déclarée, je te prendrai tout sale bête ! » Je poussais tout le monde, rougi par la colère et la honte que ce soldat m’avait donné. Je le tirais en arrière avant de le pousser, l’incitant à arrêter sa comédie. « À ta place, soldat ! » Celui-ci se posta droit en regardant un point derrière moi. « La guerre ?! Tu veux la guerre ?! Alors quitte cette armée, elle n’est pas faite pour toi ! Je ne saurais que faire d’un garçon sans ouverture d’esprit ni tolérance, aucune ! ».
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Leandra R. Paragon

Leandra R. Paragon
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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeMer 22 Fév - 13:02


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« Gardienne, prenez ceci, en gage de ce que vous et le conseil faites pour Sheheron. » Son skaëron n’impressionna, aussi je me tournais bers la vieille femme qui m'avait tendu un présent. Mes yeux descendirent vers ce présent. Il s'agissait d'un collier aux couleurs vert pale, constitué d'une chaine en argent et de petites gouttes qui pendaient, chacune colorée d'un vert différent. Je ne savais pas qu'il était possible d'avoir autant de nuances de vert dans un même endroit, aussi je la remerciai chaudement, lui assurant que je ne devais pas mériter tout ceci. Au moins, certaines personnes ici continuaient à approuver mes actions, et par conséquent, les actions du conseil. Ragaillardie par ce cadeau, je repris mon chemin, d'une façon un peu plus apaisée.

C'était le marché, la place la place la plus populaire de Sheheron sans les continentaux, et la plus bondée sans doute avec eux. L'on ne s'arrêtait de marcher que pour jeter un oeil à quelque chose, l'on ne s'arrêtait de parler que pour poser une question à un vendeur. Chacun y avait sa place, et chaque génération apportait ainsi sa contribution à l'île et à son dynamisme. C'était difficile de ne pas aimer cette place tant elle respirait la bonne humeur de la joie de vivre. Ici, on trouvait absolument de tout. Il y avait des épices pour les plats, des animaux pour les rituels ou pour la cuisine, des peaux de bêtes, et des oreillers. Certains proposaient même un assortiment de meubles pour les tentes, certains les appelaient comme ça. S'il vous fallait quelque chose, c'était ici que vous le trouveriez, sans aucun doute. Même en ce qui concerne certains besoins... vitaux, comme qui dirait.

Alors que je passais entre les différentes tables de marchandises, quelques personnes me saluaient, d'autres faisaient mine de m'ignorer. Je ne pouvais pas leur en tenir rigueur, ces derniers temps, le conseil n'avait pas toujours tenu ses promesses. Un enfant passa en courant près de moi, et un autre qui devait le suivre en courant me bouscula. Il bredouilla une excuse avant de s'élancer à la poursuite de son ami. Un léger sourire distrait ornait mes lèvres, qui se dissipa lorsque je remarquai un curieux attroupement et des voix sourdes s'élever. Je décidai de m'approcher, reposant sur une table la pastèque que je regardais. (avec attention, déconne pas c'est une pastèque!) Je n'arrivais pas vraiment à entendre ce qu'ils se disaient, mais cela ne ressemblait guère à du skaëron. Je m'approchais de façon discrète vers cet amas de personnes. La plupart étaient plus grandes que moi, aussi je ne vis rien, jusqu'à ce qu'un mouvement de foule laissa entrevoir un homme que je connaissais déjà, qui sépara les deux interlocuteurs.

Il le réprimanda sévèrement d'une voix sèche, n'hésitant pas à faire preuve d'autorité et de disgrâce, à en juger par les mots "guerre" "armée" et "quitte". Je crus pendant un instant que le soldat allait se liquéfier tant il semblait pâle et frissonnant. Une fois que Markus l'eut congédié, l'homme repartit en courant, désirant mettre le plus distance possible entre sa disgrâce et lui. La foule commença à se dissiper, (d'ailleurs elle n'avait rien du comprendre) et décrochant mon regard de Markus, je vis le marchant, qui regardait toujours ses mains vides. Il murmurait des choses que je n'arrivais pas à comprendre. Je m'approchais, sentant le regard de Markus se poser sur moi. Je lui pris les mains et lui demandai ce qui n'allait pas. « Il.. Il ne m'a rien payé, Gardienne. Il s'est sauvé avec un objet de grande valeur. » Le pauvre homme semblait détruit, et je posais ma main sur son épaule, avant de lui tendre quelques pièces. « Voici un bien piètre dédommagement, marchand. Le seul que je puisse t'offrir présentement. » A la vue de l'argent, ses yeux se remirent à briller, et il me remercia de vive voix, avant de retourner à sa tablée.

Au bout d'un instant, je me retournai, voyant que l'homme des Blackrain était toujours là. Il avait parlé en faveur du marchand aujourd'hui. Il s'était imposé contre un homme de sa fratrie, un des siens, pour défendre l'un des miens. J'étais peut-être allée un peu vite pour le juger, et si j'avais trop de fierté pour le lui admettre, je tentais de le lui faire comprendre par mon regard. Je ne voulais pas m'excuser et me rendre compte de mon erreur, puisque si je l'avais fait dans ma langue, il n'aurait pas saisi toute la subtilité, et dans la sienne, j'aurais pu faire de graves erreurs. Ici, les mots étaient superflus. Sans se parler toujours, il se décala un peu et entreprit de marcher. Acceptant l'invitation silencieuse, je me plaçai à ses côtés et le suivis. Pendant un instant, le simple chahut des transactions environnante suffit à nous satisfaire. Alors que nous marchions, j'entrepris de le détailler à nouveau. Il avait troqué son grand manteau noir que j'avais autrefois vu pour une simple chemise et une verste, de couleur sombre, certes. Le temps était clément à Sheheron, il avait du s'en rendre compte. Son épée fièrement accrochée à sa ceinture, il marchait avec emphase et dignité, le bruit de ses bottes qui martelaient le sol retentissant à chacun de ses pas. Je devais paraître bien petite et insignifiante à ses côtés. Je finis par lui adresser la parole, dans sa langue. « Comment va votre... » Et puis je me rendis compte que je ne connaissais pas le mot pour dire côte, alors je tendis ma main jusqu'à son abdomen. Je ne le touchai pas, effleurant simplement sa veste, lui faisant comprendre de quoi je parlais.

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Markus S. Blackrain

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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeMer 22 Fév - 14:47


“ Même si les traits des visages nous restent de pierre, je vois au fond de nos âges une tristesse amère, qui nous étouffera, alors il faut la tuer, en apprenant à aimer sans chasser le passé „


L’officier m’écouta en silence et quand mon regard se détourna de lui, il partit rapidement, sûrement peu fier de s’être fait prendre. L’assemblée autour de nous se dissipa alors, incrédule et sans comprendre sûrement ce qui venait de se passer. Alors que je me retournais pour reprendre ma ballade, mon regard se posa sur l’inconnue. Enfin Leandra. Son regard suivit le mien, mais elle coupa le contact en s’intéressant au marchand. « Il.. Il ne m'a rien payé, Gardienne. Il s'est sauvé avec un objet de grande valeur. » Ayant un peu compris malgré sa vitesse de parole, je maudissais ce soldat et regardais la jeune femme essayer de compenser le vol. L’homme sembla ravi, mais ce n’était apparemment pas la valeur de l’objet volé. « Voici un bien piètre dédommagement, marchand. Le seul que je puisse t'offrir présentement. » Il la remercia et retourna au rangement de sa tente. Quant à moi, je ne la quittais pas des yeux. Ce qu’elle venait de faire m’impressionnait : elle venait de payer un acte commis par un de mes hommes. J’aurais bien complété, mais il me restait peu d’argent après la prostituée et la pomme, qui était toujours dans ma main d’ailleurs.

D’un regard enfin, je l’invitais à marcher, les mots étant superflus à Sheheron (xD). « Je ferai rendre ce qu’il a volé », dis-je alors sur un ton de promesse, avec un skaëron qui était moins bancal que la dernière fois. Elle ne répondit rien, et la balade continua en silence. Étonnamment, je ne lui en voulais plus. J’avais passé la soirée et le lendemain de notre dispute à l’insulter intérieurement, à la traiter de tous les noms, à lui en vouloir pour ce qu’elle avait dit. Mais aujourd’hui, toute cette passion avait disparu et je me sentais bien, comme si rien ne s’était passé. Une chance que je ne sois pas très rancunier. « Comment va votre... » Je me tournais doucement vers la jeune femme avant de m’arrêter, et elle effleura mon abdomen, au niveau de ma côte cassée. Je ne répondais pas tout de suite, regardant sa main effleurer le tissu blanc de ma chemise. Comme dans mon souvenir du soir d’il y a deux semaines et demi, sa main était fine et délicate ; rien qu’en pensant au contact doux qu’elle pouvait avoir, une vague de frissons me parcourut sur toute ma colonne vertébrale.

« Ma côte ? », prononçais-je enfin. « C’est une côte. Mieux que cette nuit là en tous cas » Je dis cette partie dans ma langue pour que personne ou peu comprenne. J’ai vécu mieux. Elle me fait mal quand je fais certains gestes. Mais c’est gentil de demander » Je cherchais une question à lui retourner et je pensais à son mari, mais je préférais éviter parler de lui directement. « Je vois que votre joue va mieux, j’en suis heureux » J’avais repris ma marche, mes bottes martelant le sol et faisant trembler les cailloux entourant ma semelle. Ses pas, elle, étaient plus souples et plus silencieux. Tout dans la grâce ! Contrairement à l’autre journée, je ne lui proposais pas mon bras. Nous étions au marché, et cela pourrait s’avérer être un réel handicap.

« J’ai tué un dragon ! » Cette phrase, je la compris parfaitement. Leonen, mon traducteur, avait refait surface hier et nous avions repris les leçons. J’avais appris du vocabulaire ayant un rapport avec les coutumes de Sheheron, et les dragons en faisaient parti. Comment ça, il avait tué un dragon ? Je fronçais les sourcils et m’approchais de la source de cette annonce. Leandra eu la même réaction que moi. L’homme qui parlait (criait si vous voulez mon avis) ne bougeait pas son bras qui avait l’air cassé, et saignait d’un peu partout, ses vêtements étant déchirés. S’il avait combattu une de ces bêtes, il aurait été un peu plus blessé, non ? Une question que je n’avais pas posé à Leonen me vint alors à l’esprit : les habitants de l’île respectaient les dragons pour leur puissance, mais les appréciaient-ils ou les détestaient-ils ? Je perçus du mouvement à ma gauche et j’attrapais le bras de la jeune femme. « Leandra, non. » Je rougis alors immédiatement, me rendant compte que je venais de l’appeler par son prénom. « Je veux dire… Euh… Écoutons d’abord ce qu’il a à dire… » Son expression, plutôt douce de tout à l’heure, avait disparut. Elle était dure et sévère. Si je ne connaissais pas l’avis du peuple de Sheheron sur les dragons, j’avais celui de ma sauveuse.
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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeMer 22 Fév - 19:34

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« Ma côte ? » Oui, cela devait être le mot. Je le fixais alors qu'il me répondait qu'il avait connu pire, mais que c'était mieux que cette nuit là. Je voyais clairement à quoi il faisait allusion, et je hochais distraitement la tête, aimant à penser au fond de moi que ce que j'avais fait cette nuit là pour panser ses blessures lui avait servi. Il me remercia d'une voix chaude de m'intéresser à ceci, et je ne répondis rien. Il reprit la marche, et moi de même, puis il m'adressa à nouveau la parole. « Je vois que votre joue va mieux, j’en suis heureux » J'esquissai un léger sourire, passant une main distraite sur cette joue là. Je lui répondis, le remerciant d'un signe de tête. « Toutes les blessures finissent par cicatriser. »

« J’ai tué un dragon ! » Nous avions marché encore quelques instants, puis cette voix m'avait interpellée. Markus et moi nous dirigeâmes comme d'un seul homme vers la source de cette voix. Un homme continuait à beugler de telles inepties, des inepties qui me touchaient particulièrement. Il n'avait pas le droit de prononcer de telles paroles. Il devait savoir que cela m’interpellerait. Il ne pouvait pas avoir tué un dragon, je l'aurais su. C'était un lien étrange, un lien psychique. Je ne pouvais pas vraiment vivre sans leur présence, et eux sans la mienne; s'il était arrivé malheur à l'un d'entre eux, je l'aurais su. Partagée entre la colère et l'inquiétude, je m'avançai, en n'ayant pourtant aucune idée de ce que j'allais bien pouvoir lui dire. Markus m'attrapa vivement le bras, prononçant quelques mots. « Leandra, non. » Je me retournai, interpellée par mon prénom. Savoir comment il l'avait appris serait une question pour un autre jour, pour le moment, il y avait bien plus urgent.

« Je veux dire… Euh… Écoutons d’abord ce qu’il a à dire… » Mon regard se mit à faire la navette entre Markus et l'homme blessé au centre de la place. Je me forçai à prendre une inspiration, puis je me stoppai, décidée à suivre les conseils de Markus. L'homme attendit un peu en répétant plusieurs fois la même chose, et lorsqu'il fut suffisamment entouré, il reprit. « Peuple de Sheheron, approchez! Ceci est un grand jour pour nous tous! Ce jour est le jour où moi, Brachius, ait démontré que les dragons sont faits de sang et de chair, tout comme nous, montrant ainsi que comme nous, ils sont mortels. » Un frisson général parcourut la foule, et il me fit trembler, de la tête au pieds. Je fixais l'homme, immobile, sentant chaque fibre de mon corps se tendre encore plus. L'homme marqua une pause, et en grand orateur qu'il semblait être, il finit par reprendre. « Je sais ce que vous pensez. Vous devez vous demander si je mens ou non. Voyons... Avez-vous déjà vu pareille merveille? » Il se détourna, et fouilla dans une large malle. Du sang dégoulinait sur son bras, venant tacher le couvercle. Lorsqu'il en ressortit, c'était pour brandir haut une écaille de dragon. Une exclamation de stupéfaction secoua la foule alors que mon coeur battait à tout rompre dans ma poitrine. Non, c'était impossible. Comment pouvait-il avoir mis la main sur une véritable écaille de dragon?

« Ceci est un grand jour » répéta-t-il « puisqu'à partir de ce jour, vous n'avez plus à écouter ce que l'on vous dit sur les dragons. Ce sont des créatures dangereuses, rebelles, désirant vivre sur Sheheron quoi qu'il en coûte. Nous ne sommes qu'un obstacle à leur domination. » Si j'avais eu la force de tourner la tête, j'aurais remarqué que parmi la foule, certains adhéraient à son discours. Et moi, je me sentais tout simplement malade. « Personne ne l'avait prédit. Pas même vous, Gardienne! Je me trompe? » Il se tourna et me montra du doigt, ce qui eut pour conséquence de ramener tous les visages sur moi. Je tentais de prendre une inspiration, mais je me rendis compte qu'elle restait bloquée. Prenant conscience de tout ce qui m'entourait, je me forçai à reprendre ma respiration. Reprenant le contrôle de mes esprits, je me fis violence pour lui répondre, fronçant les sourcils. « Si vous aviez défié un dragon, vous ne seriez plus là pour en parler. » Mon intervention brève sembla avoir l'effet voulu, et je sentis une nouvelle vague d'excitation parcourir la foule, de plus en plus massive. L'homme qui parlait en revanche, n'en sembla pas ébranlé pour le moins du monde.

« Son temps passé avec les continentaux a du aveugler son jugement. » Ah. Nous y voilà. C'était là, le coeur même du sujet. J'avais l'impression que c'était c'était ceci le problème majeur. Que pouvais-je répondre à cela? Je me rappelai les paroles de Markus, sévères mais vraies, sur notre prétendue ouverture d'esprit. « Moi je dis que nous devons prendre les choses entre nos mains. Et cela commence par votre destitution, Gardienne. » Un mouvement de foule choqué me parvint. Je tentais de garder mon calme, mais j'avais beaucoup de mal. Les mots ne me venaient pas facilement, du moins les mots courtois. Comment Valenna faisait-elle pour être aussi diplomate? Le silence suivit ses paroles. Il me regardait avec de grands yeux expressifs. Grands Dieux, il avait vraiment l'air de croire à ce qu'il disait. Un frisson me parcourut à nouveau, peut-être à cause du vent qui venait de se lever. Lorsque je repris mes esprits, ce fut avec vigueur.

« Ce rôle n'est pas mien par choix, comme vous le savez. Si les Dieux souhaitent que j'abandonne mon poste, je le ferai. Mais dites moi, Brachius, qu'est-ce que vous dénoncez au juste, mon inaptitude à diriger, ou la dangerosité des dragons? » Un long silence suivit mes paroles, silence m'informant que j'avais marqué un point. « Vous semblez être un homme occupé, aussi vous ne pourrez pas vous occuper des deux, et vous devez faire un choix. Alors, lequel cela sera, Brachius? » J'avais parlé distinctement, me forçant à articuler chaque syllabe, afin qu'il comprenne que je ne plaisantais pas. Mon rôle était de protéger les dragons, contre toute menace, extérieure, ou intérieure. Si en apparence je semblais savoir ce que je faisais, à l'intérieur je bouillonnais, et je n'avais aucune idée vers où je l'emmenais avec mes paroles.

Le vent s'était levé, et il venait faire danser mes mèches de cheveux argentés, qui passaient devant mes yeux. Cela me gênait, mais je n'en avais cure. Je devais régler ce problème, avant qu'il ne soit trop tard. Je ne pouvais pas risquer le génocide. « Non? Alors je vais choisir pour vous. Les dragons nous ont toujours laissé vivre en paix. Et nos ancêtres ont toujours fait de même. Tenir de telles paroles suffisent à vous déshonorer. » J'y étais allée un peu fort, mais je n'en pensais pas moins. Je m'étais avancée, quittant les côtés de Markus, fixant toujours l'homme. Si le Blackrain avait compris notre conversation, il avait eu des éléments clefs de ma vie, de ma mission, et de qui j'étais. L'homme regarda autour de lui, sentant l'accord de la foule s'évaporer. « Si vous avez une idée sur la façon avec laquelle je devrais procéder, vous êtes libre de venir m'en parler au conseil, autrement, taisez vous. » Je l'avais fixé une nouvelle fois, et alors que je me retournai, le soleil sembla ricocher sur quelque chose de métallique. Lorsque je compris, c'était déjà tard.
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Markus S. Blackrain

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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeMer 22 Fév - 20:15


“ Même si les traits des visages nous restent de pierre, je vois au fond de nos âges une tristesse amère, qui nous étouffera, alors il faut la tuer, en apprenant à aimer sans chasser le passé „


Leandra sembla m’écouter, et le rythme de mes battements de cœur ralentit. « Peuple de Sheheron, approchez ! Ceci est un grand jour pour nous tous ! Ce jour est le jour où moi, Brachius, ait démontré que les dragons sont faits de sang et de chair, tout comme nous, montrant ainsi que comme nous, ils sont mortels. » Je devais me concentrer pour comprendre, mais j’avais travaillé assez intensément pour comprendre le message global, comme d’habitude. « Je sais ce que vous pensez. Vous devez vous demander si je mens ou non. Voyons... Avez-vous déjà vu pareille merveille? » J’eus un mouvement de recul quand je le vis sortir une écaille d’une taille remarquablement énorme. Était-ce donc une écaille de dragon ? C’était si impressionnant que j’en restais bouchée bée. Cette île était décidément pleine de surprises… « Ceci est un grand jour » Je crois qu’on a compris au bout de je ne sais combien de fois, nous ne sommes pas des idiots… « Puisqu'à partir de ce jour, vous n'avez plus à écouter ce que l'on vous dit sur les dragons. Ce sont des créatures dangereuses, rebelles, désirant vivre sur Sheheron quoi qu'il en coûte. Nous ne sommes qu'un obstacle à leur domination. » Je ne pus m’empêcher de pouffer dans mon coin tandis qu’autour de moi, le monde s’agitait. Déjà, j’étais forcé d’admettre l’existence des dragons avec sa « preuve » mais en plus, son discours était incroyablement ridicule. L’île est très petite et les habitants relativement peu… Si les dragons voulaient dominer, ils le feraient sans mal !

« Personne ne l'avait prédit. Pas même vous, Gardienne! Je me trompe? » Il y avait un mot que je ne comprenais pas, et il désignait apparemment celle qui m’accompagnait. L’homme l’avait en effet montré du doigt en prononçant ces paroles : elle avait un lien avec ces maîtres du ciel. « Si vous aviez défié un dragon, vous ne seriez plus là pour en parler. » Je n’aurais sûrement pas mieux répondu… Comment cet homme pouvait revenir avec aussi peu de séquelle, après un combat contre un dragon ? Je n’en avais jamais vu, mais ces bêtes devaient avoir des tailles et une force pharamineuses ! Ce fou aurait du revenir avec des brûlures aussi, si ses dires étaient véridiques ! « Son temps passé avec les continentaux a du aveugler son jugement. » Cette fois, mon sourire continu s’effaça et il eut droit à un regard froid, glacial. Venait-il de dire que nous étions la cause de ce soit disant manque de sécurité ? « Moi je dis que nous devons prendre les choses entre nos mains. Et cela commence par votre destitution, Gardienne. » Le dernier mot m’intriguait toujours et je l’enregistrais au fond de ma mémoire pour demander à Leonen. Leandra avait l’air connue par le peuple, qui était-elle exactement ? En tous cas, elle avait un rôle important, et cet homme était contre ses fonctions. Un rebelle !

La jeune femme s’avança, me laissant un peu en arrière. Je ne bougeais pas et écoutais, oubliant encore ma pomme dans laquelle je n’avais mordu qu’une seule fois. « Ce rôle n'est pas mien par choix, comme vous le savez. Si les Dieux souhaitent que j'abandonne mon poste, je le ferai. Mais dites moi, Brachius, qu'est-ce que vous dénoncez au juste, mon inaptitude à diriger, ou la dangerosité des dragons? » Mon petit sourire revint, quoi que moins prononcé que tout à l’heure. De ce que je comprenais, elle avait de la répartie. Je doutais moi-même des vraies intentions de cet homme, ce qu’il disait était quelque peu ridicule. Après, je ne juge pas : peut-être que je ne vois pas les choses de la même façon, avec mon œil d’homme du continent. « Vous semblez être un homme occupé, aussi vous ne pourrez pas vous occuper des deux, et vous devez faire un choix. Alors, lequel cela sera, Brachius? » J’attendais une réponse de sa part, mais il garda le silence, se contentant d’écouter Leandra. Tous avaient arrêté de parler d’ailleurs. Elle inspirait une certaine autorité qui me plaisait fortement. « Non? Alors je vais choisir pour vous. Les dragons nous ont toujours laissé vivre en paix. Et nos ancêtres ont toujours fait de même. Tenir de telles paroles suffisent à vous déshonorer. » Je comprenais de plus en plus la situation. Son rôle était la sauvegarde du peuple par rapport aux dragons, c’est pour cela qu’elle s’était directement sentie visée quand il avait annoncé qu’il avait tué un dragon. Pendant un quart de seconde, j’avoue avoir ressenti une très grande fierté d’avoir réussi à saisir tout ceci avec mon skaëron plutôt bancal.

« Si vous avez une idée sur la façon avec laquelle je devrais procéder, vous êtes libre de venir m'en parler au conseil, autrement, taisez vous. » Sa sévérité m’étonna, car elle contrastait un peu avec la petite taille de la mot-que-je-ne-comprends-pas-et-qui-a-l’air-important. Leandra se retourna pour quitter la foule, mais l’homme ne sembla pas vouloir la laisser partir. Vivement, il sortit un poignard de son manteau avec sa main qu’il montrait depuis tout à l’heure comme cassée et courut vers elle. N’étant pas du genre à réfléchir avant d’agir, je m’avançais et attrapais ses poignets pour l’empêcher de la blesser. À ce moment, ma côte me fit affreusement mal mais si je faiblissais un seul instant, alors tout serait fini. Je serrais mes dents pour ne pas succomber à la douleur, et l’homme forçait de plus en plus sur ses bras pour se dégager. Je devais trouver un moyen de l’éloigner, et la première idée qui me vint à l’esprit fut de lui donner un coup de pied où je pense. Je ne perdis pas de temps et l’homme recula d’un mètre et demi en se courbant. Derrière, une femme s’avança et lui fracassa la tête avec… une louche en bois qui se brisa. L’homme tomba à terre, sonné, mais conscient. La femme se retourna vers un homme qui s’était avancé, doucement, un peu choqué. « Je t’avais dit qu’elle nous servirait ! », dit-elle alors à son égard. Alors que je respirais fortement, j’essayais de vaincre la douleur revenue en imaginant la vie de ce couple. Je voyais bien l’épouse insister pour acheter une louche alors que lui ne comprendrait pas pourquoi, parce qu’ils en ont déjà deux. Un sourire, de nouveau, s’afficha sur mon visage, et le dénommé Brachius se releva. Je le regardais et lui parlais dans sa langue. « Les Continentaux ne sont pas tous des mauvaises fréquentations. Je n’aime pas les personnes qui font des généralités » L’inconnu, aussi impulsif que moi, me cracha sur les bottes. J’eus une grimace de dégoût mais ne réagis pas à cela. « Quoi qu’il en soit, votre bras a l’air d’aller beaucoup mieux… » Je me baissais et ramassais l’écaille qu’il avait faite tomber en sortant son poignard. « Hum… Ça m’a l’air un peu vieux, non ? » Leandra, qui s’était mise dans le même sens que moi, attrapa l’écaille, et tous attendirent le verdict de celle qui était la mieux placée pour nous dire où il avait pu se procurer ça.
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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeMer 22 Fév - 20:53

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Tout se passa si vite que j'en eus le tournis. Je fus poussée par Markus qui s'était élancé vers l'homme. Lorsque je me retournais, mon coeur battant à tout rompre, je les voyais en train de lutter, l'homme venant de lâcher le couteau de ses mains. Je n'arrivais pas à penser clairement, mais on aurait bien dit que Markus venait de payer sa dette. Ils luttèrent pendant un instant, puis Markus prit le dessus en le frappant, l'homme recula en titubant et se pliant en deux. Une femme de la foule, qui n'avait pas bougé alors que le reste avait reculé de quelques pas, en profita pur s'avancer et lui abattre une louche en bois sur la tête. L'homme s'écroula, visiblement sonné, mais il bougeait encore. Je levai les yeux vers Markus, qui semblait reprendre sa respiration, tout comme moi, mais lui s'était battu. J'allais vraiment devoir apprendre à me contrôler plus que ça. Je secouai la tête pour chasser un malaise naissant, et je m'avançai de quelques pas vers Markus et l'homme.

« Les Continentaux ne sont pas tous des mauvaises fréquentations. Je n’aime pas les personnes qui font des généralités » Portant une main à mon abdomen, je tentais pendant un instant de me calmer, et l'homme se redressa alors pour cracher sur Markus. Allez savoir pourquoi, ceci me ramena sur terre, et je le fixais avec un regard d'incompréhension alors que Markus se baissait pour ramasser l'écaille. « Hum… Ça m’a l’air un peu vieux, non ? » Je m'approchais un peu plus de lui, le frôlant, et je m'emparai de l'écaille. Je sentis le silence se faire autour de moi, alors que je l'observais au soleil. Je fis quelques pas, passant mes doigts sur le moindre relief de l'écaille. Sa couleur était relativement naturelle, nacrée, pure et intense. La texture semblait vraie aussi. Et pourtant, quelque chose n'allait pas sur cette écaille, peut-être dans son poids. Je pris un long moment pour la regarder, m'assurer que je ne tirais pas de conclusions hâtives. C'était sans doute une vraie. Mais elle était vieille, usée, et elle ne provenait certainement pas d'un dragon fraîchement tué.

Trouver des écailles de dragons n'était finalement pas si difficile pour quiconque savait où chercher. Les dragons actuellement en vie étaient bel et bien cachés, donc en sécurité. Je prenais le temps de pousser un soupir de soulagement, puis je relevai les yeux. Si je disais que l'écaille du dragon était celle d'un vrai dragon, alors les gens commenceraient à en chercher, ils commenceraient à vouloir faire du profit. Mais si je leur mentais, les dragons restaient solennellement intouchables, et les habitants reprendraient leur vie normale. Mon regard se porta sur la foule, puis dévia sur Markus, qui semblait tout autant qu'eux attendre la réponse. Il avait sans doute déjà du comprendre ce qui me tourmentait. Et quant à moi, j'avais ma petite idée sur ce qu'il le ferait. Je pris une inspiration, et je m'approchai de l'homme qui avait tenté de m'assassiner. « Vous devriez tourner votre colère vers l'homme qui vous a vendu cette écaille. Vous avez gaspillé beaucoup d'argent pour rien. »

Quelques soldats de la tribu Stakka arrivèrent et ils emportèrent l'homme, se frayant tant bien que mal une place pour passer près de la foule. Dans mes pensées, j'observais l'écaille, que j'avais gardé dans mes mains. Il fallait que je me penche sur la question. Trouver des écailles de dragons un peu partout ne pouvait pas être une bonne chose. Cela aurait des conséquences d'une façon ou d'une autre, et lorsque l'on s'en rendait compte, c'était déjà trop tard. Les bruits de pas de Markus me sortirent de mes pensées, et je me tournais vers lui, tentant de lui exprimer ma gratitude. « Vous m'avez sauvé la vie. Je ne l'oublierai pas. » Regardant à nouveau mes mains, je m'aperçus que je tremblais, et j'en fus surprise, surtout parce que j'ignorais depuis combien de temps c'était le cas.
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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeMer 22 Fév - 21:20


“ Même si les traits des visages nous restent de pierre, je vois au fond de nos âges une tristesse amère, qui nous étouffera, alors il faut la tuer, en apprenant à aimer sans chasser le passé „


Je m’étais retourné et faisais presque face à Leandra. Ma côte me faisait toujours mal et j’eus peur qu’elle se soit déplacée alors que j’avais forcé dessus pour que l’homme lâche son couteau. Pour la première fois depuis longtemps, le silence régna complètement sur le marché. La jeune femme analysait méthodiquement l’écaille, l’observant, la touchant. Du coup, je m’interrogeais à nouveau sur son rôle sur Sheheron, par rapport aux dragons. De quoi était-elle exactement chargée ? « Vous devriez tourner votre colère vers l'homme qui vous a vendu cette écaille. Vous avez gaspillé beaucoup d'argent pour rien. » Elle s’avança vers l’homme qui avait tenté de la tuer, et ma vigilance doubla, encore. Je scrutais l’homme, faisant attention à ses moindres faits et gestes. Il ne dit rien et au loin, des soldats de la tribu des guerriers firent leur apparition. Ils étaient géants, et j’en vins à me demander comment est-ce qu’ils arrivaient à perpétuer ce gène… Je veux dire, Warand, le chef, s’était marié avec une femme pas très grande. Ses enfants allaient donc être différents de ces hommes là, non ? Secouant la tête, je chassais ces questions bêtes et les regardais embarquer cet homme. Il n’allait pas survivre… Il avait tenté de tuer l’épouse de celui qui les commande après tout.

« Vous m'avez sauvé la vie. Je ne l'oublierai pas. » Je reportais mon attention sur elle, et lui souriais avant de lui répondre humblement, dans sa langue. « J’ai payé une de mes dettes… Et puis, je pense que cette femme vous a plus sauvé que moi ! » Je ris un peu, amusé par le caractère de celle qui avait assumé notre chasseur de dragons. D’ailleurs, la foule commençait à se disperser. Je rattrapais le couple et leur donnais le reste de ma bourse. « Tenez… Achetez-vous une nouvelle loupe et de quoi vous récompenser d’avoir sauvé une vie » Il mirent du temps à accepter, mais j’avais insisté. Je retournais vers Leandra et baissais les yeux vers mes chaussures. Sur l’une d’elle se trouvait un magnifique crachat. Un peu dégouté, je sortis un mouchoir de mon sac et m’accroupis avec difficulté en raison de ma côte pour essuyer ma botte. Le morceau de tissu, je le pliais en quatre avant de demander à un marchand de le jeter pour moi.

« Vous tremblez ? », demandais-je alors à voix basse en lui attrapant les mains. Je tentais de les immobiliser, prodiguant de très légères caresses sur le dos de celles-ci. Je ne m’arrêtai que lorsque je sentis qu’elle reprenait enfin le contrôle. « Marchons un peu, vous voulez bien ? » Au fond, j’espérais un eu rattraper l’autre après-midi qui avait été désastreux. Au départ, ce fut un lourd silence. Mais honnêtement, je préférais cela à une dispute, c’est moins fatigant. « Je… Pourquoi votre peuple ne vous appelle-t-il pas par votre nom ? Que signifie votre surnom ?... » Je me serais excusé de ma curiosité si ce nom qu’on lui donnait était réservé à un cadre. Mais tous l’appelaient par ce mot que je ne comprenais pas plutôt que « Leandra » ou l’équivalent de « Mademoiselle Paragon ». Si Paragon est son nom et que ma mémoire ne me joue pas des tours.
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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeMer 22 Fév - 21:45

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« J’ai payé une de mes dettes… Et puis, je pense que cette femme vous a plus sauvé que moi ! » Il se mit à rire et moi je me contentais d'afficher un sourire faible. Il les rattrapa juste à temps pour leur donner ce qu'il lui restait d'argent. Décidément, les gens ne cessaient de vous surprendre. Il revint ensuite, puis il se baissa pour nettoyer sa botte, sur laquelle ruisselait un gros crachat. Je ne pus cacher un sourire franc cette fois. Lorsqu'il se redressa, ce fut pour remarquer la même chose que moi. « Vous tremblez ? » me demanda-t-il d'une voix vibrante. « Ce n'est r... » commençais-je. je me stoppai lorsqu'il attrapa mes mains, qu'il les joignit aux siennes, et qu'il tentait de me calmer. Je sentais ses doigts décrire des cercles sur le dos de mes mains, cercles étrangement apaisants. Il me fallut quelques secondes, et puis au bout de ce temps là, j'étais redevenue moi même.

Je le remerciais d'un sourire, et lorsqu'il se détachai, me proposant de marcher un peu en sa compagnie, je passais mes doigts à l'endroit où étaient les siens plus tôt, tentant de me rappeler la sensation. Je me mis donc à le suivre à nouveau, lorsqu'il me posa une question des plus déroutantes. après quelques minutes de silence. « Je… Pourquoi votre peuple ne vous appelle-t-il pas par votre nom ? Que signifie votre surnom ?... » Je me tournai vers lui, amusée. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne le remarque je suppose. Je pris un moment pour tourner une réponse dans ma tête, puis je lui répondis dans sa langue. « Vous appelleriez cela "Guide" en quelque sorte. Mon rôle est de veiller à la protection des dragons sur l'île. Mais ça vous l'aviez déjà compris, n'est-ce pas? »

Je mis une nouvelle pause entre mes paroles, entre lui et moi, puis je repris. J'étais pus encline à lui parler, plus encline à lui faire confiance après ce qu'il s'était passé. Il avait manifesté l'intérêt d'ne apprendre plus, je lui en parlerai. L'adrénaline commençant à s'évacuer de mon système, j'avais la douce sensation d'être ailleurs et j'étais envahie par un sentiment de confort inégalable. Je repris donc jetant parfois quelques regards à Markus. « A chaque génération, vers l'âge de ses 12 ans, un enfant est choisi. Dès lors ses cheveux blanchissent, et il suit une formation particulière, une formation, qui si elle est bien suivie, peut lui permettre d'en apprendre beaucoup sur la nature, les animaux. Lorsqu'il atteint l'âge de maturité, il est envoyé dans la forêt pour trouver de lui même les Dragons. En revenant, il devient gardien. » J'avais prononcé ce dernier mot en skaëron, pour qu'il fasse le lien. « J'étais cet enfant. »

J'allais reprendre, puis un curieux fruit aux teintes violettes attira mon attention sur le bas côté, alors que nous nous éloignions du village. Je me précipitai vers ce fruit, le cueillit, et je le montrai à Markus. « Vous voyiez ce fruit? Vous appelleriez ça... Poire violette. C'et le meilleur fruit que vous pourrez jamais goûter. » J'en croquais un morceau pour lui montrer qu'il n'était pas empoisonné. Le gout sucré et amer à la fois m'envahit, et je le lui tendis, frissonnant de tout mon corps.
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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeMer 22 Fév - 22:20


“ Même si les traits des visages nous restent de pierre, je vois au fond de nos âges une tristesse amère, qui nous étouffera, alors il faut la tuer, en apprenant à aimer sans chasser le passé „


« Vous appelleriez cela "Guide" en quelque sorte. Mon rôle est de veiller à la protection des dragons sur l'île. Mais ça vous l'aviez déjà compris, n'est-ce pas ? » En effet, je l’avais compris. Je lui souris et nos pas nous guidèrent progressivement en dehors du marché. Moi qui avais dit à mon garde que j’y resterai, c’est raté ! Amusé, je ne dis rien à Leandra et la laissais continuer. « A chaque génération, vers l'âge de ses 12 ans, un enfant est choisi. Dès lors ses cheveux blanchissent, et il suit une formation particulière, une formation, qui si elle est bien suivie, peut lui permettre d'en apprendre beaucoup sur la nature, les animaux. Lorsqu'il atteint l'âge de maturité, il est envoyé dans la forêt pour trouver de lui même les Dragons. En revenant, il devient gardien. » Son explication me fascina. Si cette histoire de cheveux était vrai, alors cette île avait plus de valeur qu’on ne saurait le croire.

« J'étais cet enfant. », conclua-t-elle. Son blond gris ne pouvait que le prouver ! Encore quelques pas, et nous fûmes quasiment à l’extérieur de Par Volen. Je jetais un regard derrière moi et quand je revins à nous, Leandra n’était plus à mes côtés. Elle était en train de rejoindre un arbre avec de curieux fruits. Je la suivais avec moins de précipitation et quand j’arrivais, elle me montra le fruit qu’elle venait de cueillir. « Vous voyiez ce fruit? Vous appelleriez ça... Poire violette. C'et le meilleur fruit que vous pourrez jamais goûter. » Et sans attendre, elle en croqua un morceau. Elle finit par me le tendre et, lui faisant confiance puisqu’elle l’avait goûté devant moi, je l’imitais, laissant le goût du fruit envahir ma langue. Il était sucré et une fois avalé, laissait un goût amer mais pas désagréable. Ayant une bouche un peu plus imposante que la sienne, j’avais pris un gros morceau au fruit… J’entrepris donc d’en prendre un autre que je lui donnais. « Poire violette… C’est amusant. Et c’est très bon aussi » Ça allait remplacer ma pomme.

Notre marche reprit, mais en dehors du sentier crée par les pas des personnes ayant emprunté cette voie. Mes bottes disparaissaient dans les herbes hautes, chose qui n’arrivait jamais à Farelden, puisque ces terres étaient recouvertes de neige et de glace la plupart du temps. « Si vous êtes… Ce « guide » à présent, c’est que vous avez trouvé ces dragons ? C’est impressionnant… Et donc vous seule connaissez leur cachette ? » Ma question était innocente, mais je rendais compte que mes questions étaient de plus en plus précise, et donc de plus en plus enclines à se rapprocher de sa sphère privée. « Pardonnez moi… Je suis de nature curieuse » Je remarquais alors que cette poire n’avait pas un trognon mais un noyau ressemblant à un trognon. De ma botte, je poussais un bout de terre, y enterrait le noyau, et le recouvrait. La pluie et le soleil s’occuperont du reste. Mais ce fruit était vraiment bon… Un arbre tous les cinq cents mètres n’est absolument pas de refus.

Soudain, le bruit d’un animal me sembla familier. Je relevais la tête et pus observer un aigle volant vers le soleil qui commençait à se coucher. Je le montrais du doigt pour que Leandra le remarque. « L’aigle est l’emblème de ma famille. Nous sommes tous un peu orgueilleux… Nous aimons penser qu’il est le maître du ciel, le seul à pouvoir contempler l’astre du jour… » Je pensais alors à ma famille que je n’avais pas vu depuis un mois environ. Mon père me manquait, et mes frères aussi. En ce qui concerne Kahlan, c’est une autre histoire. Cette chaleur me rappelait tous les matins que j’étais à Sheheron, et non dans ma chambre à Denerim. Je finis par me retourner vers Leandra et lui souris comme pour me faire pardonner de mon moment d’absence.
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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeJeu 23 Fév - 6:32

La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra FKyTr

Il attrapa le fruit dans ses mains, et je ne le quittais pas des yeux alors qu'il le portait à ses lèvres. « Poire violette… C’est amusant. Et c’est très bon aussi » Je lui souris franchement, ravie d'apprendre que nous ayons les mêmes goûts en matière de nourriture. Après un instant, il m'en tendit un autre, que j'acceptais, puis nous reprenions la marche. Je croquais dans le fruit délicieux, me délectant de son parfum enveloppant. Et puis après quelques secondes, Markus reprit la parole.Ce que je lui avis confié n'avait visiblement fait que soulever d'autres questions. « Si vous êtes… Ce « guide » à présent, c’est que vous avez trouvé ces dragons ? C’est impressionnant… Et donc vous seule connaissez leur cachette ? » Le semi faux compliment me flatta. Ainsi il était impressionné? Un peu plus encore et j'en oublierais presque mon rôle. Instantanément, ma barrière de protection et de méfiance se dressa à nouveau entre nous deux. Il avait beau avoir repayé sa dette et se comporter de façon admirable, je n'étais certainement ps prête à lui livrer tous mes secrets, et même si je l'étais, celui ci serait le dernier sur m liste.

Je levai mes yeux vers lui, et sentant qu'il se montrait un peu trop curieux, il s'en excusa. « Pardonnez moi… Je suis de nature curieuse » Je lui souris distraitement, et je l'observai se baisser pour enterrer le noyau dur de son fruit. Je fus surprise par son geste, j'ignorais qu'il aurait pensé à le faire de plus même. La plupart des gens ne faisaient que jeter le noyau à terre, ne se préoccupant pas de savoir si un jour un arbre repoussera ou non. « Et si je le savais, cela changerait-il quelque chose? » Agréablement surprise donc, je ne le quittais pas des yeux, jusqu'au moment où il me montra un aigle qui volait dans le ciel. La créature majestueuse volait sans se préoccuper de ce qui pouvait bien la rattraper. Je me souvins à quel point j'appréciais les animaux. Les animaux volants surtout avaient la chance de pouvoir aller où ils voulaient, quand ils le voulaient. Je n'avais jamais été capable de faire ça, jamais. J'avais toujours grandi en respectant telle ou telle tradition, et je comprenais que les choses soient ainsi, mais parfois, elles me pesaient. Ma mère le savait, de son temps, et c'est pour cela qu'elle s'était sentie mieux lorsqu'elle avait trouvé mon père. Il avait été ce souffle de liberté et e folie qui lui manquait. Peut-être qu'un jour je trouverai le mien aussi.

« L’aigle est l’emblème de ma famille. Nous sommes tous un peu orgueilleux… Nous aimons penser qu’il est le maître du ciel, le seul à pouvoir contempler l’astre du jour… » Ces mots me firent sourire, comme si j'imaginais la famille Blackrain tels qu'il les décrivait. Il sembla ensuite se perdre dans ses pensées, chose que je lui pardonnerai aisément, tant j'avais moi même l'habitude de le faire. Lorsqu'il me revint, il me dédia un sourire que je lui rendis sur le même ton. Sa famille devait lui manquer. Je pouvais le comprendre, et c'est ainsi en quittant ses yeux que je lui répondais, tentant de lui faire passer un peu de réconfort. « Ma mère avait l'habitude de dire que les gens qui nous sont le plus proches sont ceux qui nous manquent le moins. Ils sont toujours avec nous, quoi qu'il arrive. » Ma mère avait en effet l'habitude de dire ça. C'était les souvenirs, leurs visages que nous emportions avec nous dans notre coeur qui nous permettait de rester avec eux tout le temps. Je ne connaissais pas le mot pour dire coeur, aussi je n'ajoutais rien. « Aucun des membres de votre famille n'est venu avec vous? »
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MessageSujet: Re: La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra   La guerre est au futur, ce que les mots sont à la langue Ҩ ft, Leandra Icon_minitimeJeu 23 Fév - 10:07


“ Même si les traits des visages nous restent de pierre, je vois au fond de nos âges une tristesse amère, qui nous étouffera, alors il faut la tuer, en apprenant à aimer sans chasser le passé „


[bon, c'est du empaqueté et étiqueté et vendu en magasin, mais le sujet est clos xD]

Je lui offrais un petit sourire nostalgique, tandis que l’aigle s’éloignait en quelques battements d’ailes. Peut-être rejoignait-il sont nid, chose que je ne pourrais faire avant longtemps. « Ma mère avait l'habitude de dire que les gens qui nous sont le plus proches sont ceux qui nous manquent le moins. Ils sont toujours avec nous, quoi qu'il arrive. » Je m’arrêtais un peu, observant la jeune femme en pensant à ces mots. Sa mère n’avait pas tort, et au passé qu’elle avait utilisé, je devinais qu’elle n’était plus de ce monde. Restant silencieux, je reprenais ma marche. « Aucun des membres de votre famille n'est venu avec vous? » Je ne répondis pas tout de suite, ne sachant pas trop ce que je devais lui dire ou non. « Non, je suis venu seul. Enfin ! Mon meilleur ami est avec moi… Il est comme un frère » Et nous aurions pu être de la même famille si Aurélia n’était pas partie cette nuit là.

Sentant une vague de dépression arriver, je décidais de radicalement changer de sujet. « Vous avez des saisons froides ? » Je parlais complètement d’autre chose, et cela devait lui permettre de comprendre que je ne désirais pas parler plus longtemps de ma famille. Dans le nord, elle est extrêmement importante ; notre déesse favorite est d’ailleurs celle du foyer. « Chez moi, nous sommes en hiver quasiment tout le temps. Ce soleil, qui est chaud ici, est froid là d’où je viens. La neige ne fond quasiment jamais, sauf pendant l’été, tout au sud de nos terres. Ça ne vous plairait pas ! »[/b][/color], dis-je en riant, un peu faussement, toujours dérangé par le sujet de conversation qui avait précédé.

Le ciel commençait à rougir et je m’arrêtais de nouveau. Le soleil descendait doucement, mais sûr de sa route, pour disparaître dans l’horizon. J’observais, essayant de trouver quelque chose de reposant à cette scène pour oublier mon léger malaise. L’astre finit par quasiment disparaître, laissant un ciel plus sombre derrière lui. « Nous devrions rentrer, il commence à se faire tard. Je ne suis pas sûr que votre mari soit très heureux s’il apprenait que vous êtes restée toute cette fin d’après-midi avec… moi » Elle sembla d’accord, et nous reprîmes le sentier pour retourner à Par Volen. Sur la route, aucun de nous ne prononça un mot. Chacun respectait le silence et les pensées de l’autre.
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