“ a sword of ice with a pride of fire „

« Qu’as-tu volé ? » — « R… Rien, mon Seigneur ! » — « Pas même… ça ? » J’attrapais un bracelet d’or serti de pierres semi-précieuses posé sur une toute petite table et lui montrais. Son visage se décomposa, et j’affichais un petit sourire. « Je ne te demanderai pas pour qui tu l’as volé, mais il faut le rendre. Cet homme a probablement des enfants à nourrir, et tu lui as pris, sans payer, un objet sur lequel il a du travailler pendant des heures… Je ne veux pas de pillards opportunistes dans mes troupes. Tu as eu la chance d’avoir été choisi pour venir ici… Ne gâche pas tout » D’un geste du doigt, je le renvoyais. Aujourd’hui, j’avais sélectionné quelques soldats pour l’entraînement. Je ne voulais pas qu’ils se croient en vacances à cause de la température de l’île et du « peu » de travail. Je me servis un verre d’eau et quittais cette tente aménagée pour la journée, où deux ou trois petites tables avaient été disposées.

« Allez ! On reprend ! », dis-je en quittant mon repère. « William ! Prenez monsieur Parson avec vous (le voleur) et allez voir le marchand à qui appartient ce bijou… Rendez le lui. Je m’assurerai que cela a été fait… » Il acquiesça et les deux hommes quittèrent le terrain d’entraînement provisoire. J’avais choisi la plage car le terrain était plat et souple, ce qui jouait des tours aux plus confiants. Il n’y avait aucune pente, certes, mais les pieds s’enfonçaient rapidement. De plus, il était plus facile de tomber. « En place. Toi ! Et toi aussi ! Contre moi. Et on hésite pas à frapper » Mon ton était autoritaire. Je voulais les meilleurs soldats. Farelden devait avoir la meilleure armée. Je me mettais en position de défense et attendais qu’ils attaquent. Le premier fut celui de droite et je parais son coup en levant mon épée. Le deuxième arriva par derrière et me frappa dans le dos. Je poussais le premier et me retournais pour donner un coup de pieds où je pense à celui qui m’avait touché. Il se courba et l’autre revint à la charge, mais je lui donnais un coup de coude dans le ventre.

« Il va falloir faire mieux que ça ! Je suis comme vous, mais à deux, vous avez réussi à me toucher une fois ! Une unique fois ! Observez mon jeu et trouvez ma faille ! Je veux plus d’énergie, de ruse, et de rapidité. Vous devez communiquer par le regard, bon sang ! » J’allais annoncer qu’il fallait reprendre mais derrière, plusieurs silhouette dont une que je reconnus immédiatement firent leur apparition. « On refait une pause. Essayez de trouver une stratégie plutôt que de parler de la veille » Je rangeais mon épée et courais vers les quelques personnes qui venaient. Tous des hommes à part « Leandra ! Quel plaisir… ». Je fis un petit mouvement de tête par politesse et saluais ceux qui l’accompagnaient. « Que me vaut l’honneur de votre visite ? »

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« Je suis venue vous demander si vous pouviez me rendre un service et entraîner ces hommes pour moi. » Elle me désigna le groupe d’hommes derrière elle, que je jaugeais un instant. Ils étaient tous jeunes, quoique beaucoup moins imposants que les Stakka. « Ils sont habitués au climat, les mettre au travail sera sans doute moins pénible qu'avec vos hommes. » Je me retournais vers ceux que j’avais sélectionné. Il s’étaient assis dans le sable et avaient enlevé leurs casques, leur front transpirant. Je ris un peu et m’avançais vers le groupe de villageois qui supportait mieux la chaleur. Ils avaient l’air excités et plein de volonté. Ça allait me changer des loques que j’avais. Enfin… Je les traite ainsi, mais ils sont de bons soldats. Je suis juste très exigeant, et ces garçons n’allaient pas subir un traitement de faveur. « Et bien… C’est surprenant, mais j’accepte volontiers. Vous pouvez rejoindre mes hommes, là bas », dis-je en skaëron. Ils ne se firent pas prier et nous laissèrent seuls, avec Leandra. « Ce n’est pas votre mari qui s’occupe normalement de l’entraînement des hommes voulant rejoindre l’armée ? Ce ne sera pas mal vu que vous m’emmeniez des hommes ? » Je lui laissais le temps de me répondre avant de lui demander gentiment : « Resterez-vous ? ». Le rouge me monta aux joues, et je me repris immédiatement « Je veux dire… Enfin… Je pourrais avoir d’une deuxième personne connaissant un peu les deux langues… ».

Contre toute attente, elle finit par accepter et je l’escortais jusqu’à la tente. Je nous servais deux verres de vin venant du continent, cet alcool était un peu différent sur l’île. « Me suivrez-vous ? Je donnerai les ordres à mes hommes, et vous pourriez les traduire aux villageois ? » Je lui souris et tapais dans mes mains pour rejoindre le groupe qui attendait, ne pouvant faire connaissance à cause de la barrière de la langue. Chacun connaissait quelques mots, mais ce n’était pas suffisant. « Bien… Des hommes se rajoutent à nous. Ils ne savent pas se battre, donc pour progresser, c’est vous qui allez leurs donner des cours ! Tout d’abord, chacun va choisir un coéquipier : nous allons évaluer leurs niveaux. Ainsi, je pourrais créer de meilleurs duos » Je me tournais vers Leandra qui essaya de traduire tout ce qu’elle avait pu comprendre. J’avais essayé d’utiliser des mots simples et l’exercice n’était pour l’instant pas difficile. J’allais chercher des épées de bois sous la tente et les lançais dans le sable. Tous, surtout mes officiers, devaient se munir d’une telle arme. « Eddard ! On va montrer un exemple. Je veux qu’ils sachent comment on travaille, au cas où ils voudraient changer d’avis » Le garçon s’avança, je donnais mon verre à un autre, et je me mis en position de défense. Plusieurs secondes passèrent avant qu’il ne m’attaque. Je parais son coup et lui donnais un coup dans le ventre. « Allez, j’ai une côte en moins, tu devrais réussir à me mettre à terre ! » Il revint à l’assaut et je me mouvais sur le côté malgré la légère douleur, frappant son dos de mon bras. Le sable le fit glisser au sol et je plaçais mon épée sur sa nuque. « Touché » En tant normal, j’aurais tendu ma main pour l’aider à se relever, mais me battre était déjà assez pour ma blessure.

« Tu ne penses pas à tes pieds. Ton arme doit être la continuité de ton bras, tu ne devrais pas avoir à te concentrer dessus ! C’est ton mauvais jeu de jambes qui t’a fait tomber » J’étais dur, mais il fallait qu’il sache, qu’il apprenne, et qu’il s’améliore. Je me tournais vers Leandra. « Ils veulent toujours rester ? Je ne sais pas ce que sont les entraînements des Stakka… Les nôtres sont peut-être moins violents, mais il faut être endurant » — « Et ne pas être susceptible, mon Seigneur » Je ris et répétais ce qu’il venait de dire, en skaëron cette fois-ci. Il n’a pas tort : je peux être assez franc.

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J’observais les hommes que Leandra m’avait ramené, et je devais admettre qu’ils ne semblaient pas abattus, loin de là. Je sentais cette volonté dans leurs yeux, cette envie de réussir, de bien faire. Et ça me plaisait fortement. « Votre inquiétude est touchante, Lord Blackrain, mais ils vont tenter leur chance. » Je lui rendais son sourire et terminais notre dialogue « C’est ce que j’avais cru remarquer ». Les villageois allèrent ramasser leurs épées de bois et les duos furent complets. « On s’éparpille, on utilise toute la place qu’on a ! » Leandra traduisit, et sans que je n’eus à prononcer mots, les hommes commencèrent à apprendre les pas et les frappes de bases. Je faisais un peu le tour, n’hésitant pas à rappeler à mes soldats, devenus professeurs, à quels détails ils devaient faire attention chez leurs élèves. Déjà, je remarquais ceux qui avaient eu l’occasion d’apprendre un peu, ceux qui étaient doués, et ceux qui allaient avoir des difficultés. Certains futurs duos me parurent évidents, d’autres allaient se faire par élimination. J’observais encore quelques minutes, jetant souvent des regards à Leandra pour m’assurer qu’elle ne s’ennuyait pas trop. Mais elle arborait un léger sourire qui m’indiquait que pour l’instant, elle se divertissait de voir son peuple ne faisant pas parti de la tribu des Stakka, s’entrainer et apprendre à se battre.

Eddard, qui n’avait pas de partenaire car le nombre de villageois était moins important que le nombre de soldat, attendait patiemment mon retour. Laissant les villageois avec leurs maîtres, je décidai de reprendre l’entraînement avec ce soldat. J’étais autoritaire avec lui, mais il était un de mes meilleurs éléments. Il venait d’une famille pauvre et avait travaillé dur pour intégrer notre armée. J’avais foi en lui, et je le voyais au minimum une fois par semaine. Je savais qu’un jour, il pourrait accomplir un grand acte de bravoure et devenir chevalier. Les épées de bois étant manquantes, nous prenions de vraies épées, mais pas assez tranchantes pour réellement blesser quelqu’un, ou alors il faudrait une force surhumaine. Cette fois, je fus le premier à attaquer, et il para mon coup sans difficulté. D’un mouvement d’épaule, je le poussais mais cela me fit mal à ma côte. Je ne dis rien et me remettais en position de défense. Ma fierté m’empêchait de renoncer à ce combat, même s’il s’agit d’un entraînement. C’est ce que j’apprenais à mes soldats : se battre jusqu’à la mort, sans jamais demander d’être épargné, sans jamais dresser le drapeau blanc.

Il revint à la charge et je me baissais, me relevant immédiatement pour tenter de le frapper de mon épée, mais tout ce que celle-ci rencontra, fut l’autre tige de métal. Eddard appuya dessus de toute ses forces, mais cette fois, ma blessure était un réel handicap. Plus il forçait, et plus je me sentis fléchir. Je reculais doucement pour éviter de perdre l’équilibre, et je sentis l’eau sur mes bottes. J’entendis également les clapotis de celle-ci quand je marchais. Ne pouvant plus continuer ainsi, j’allais sur le côté, mais pas assez vivement. Mon adversaire me donna un coup dans l’abdomen au niveau de ma côte et alors que je jurais intérieurement, un autre coup dans le dos me fit perdre tout équilibre. Je tombais dans l’eau et une fois sur le sable humide, je me demandais comment j’avais fait pour penser à me retourner pendant ma chute pour ne pas heurter ma côte cassée. « Mon seigneur ! Je suis… Je suis terriblement désolé ! » J’allais lui répondre quand des cheveux blonds me barrèrent la vue du ciel. Je sentis sa main se poser sur mon épaule et tout ce que pouvais désormais voir était son visage. « Vous devriez montrer cette côte à un médecin, cela devrait déjà aller mieux. », dit-elle en se dégageant un peu, comme gênée. Dommage…

Je me retournais du côté qui ne m’était douloureux et m’asseyais. « Allez va, soldat. C’est du bon travail, tu as mérité ta… cinquième pause ? » — « Sixième, mon seigneur » Je ris un peu et le renvoyais. Je me tournais à nouveau vers Leandra pour répondre à son conseil. « J’ai vu un médecin. Je le vois même tous les soirs… Je suis juste un peu trop actif. Je devrais, selon lui, rester me reposer et arrêter toute activité pendant quelques jours pour ne pas brusquer ma côte. Après ça… Je devrais immobiliser mon abdomen. Mais je déteste ce qu’il me donne ! C’est une sorte de corset… Enfin ça me dérange. Je suis énergique et pourri gâté, que voulez-vous faire… » Je lui souris et me remettais debout avec difficulté, prenant quelques bouffées d’air, comme pour surmonter la douleur accentuée par le coup. Je devrais peut-être l’écouter finalement… Ça pourrait empirer.

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Je finis par lui tendre une main, après m’être un peu plus enfoncé dans le sable pour ne pas perdre l’équilibre. Leandra me regarda droit dans les yeux, prenant un air un peu solennel. « Je suis sérieuse Markus, cela pourrait devenir bien pire. Votre... » Je la regardais avec un petit sourire, un peu sadique je dois l’admettre. Je savais qu’elle cherchait ce mot particulier, mais je gardais le silence, la laissant se torturer les méninges. « Votre côte pourrait vous causer bien des problèmes. » dit-elle enfin. Et pour la première fois depuis le début, je me rendais compte que lorsque nous n’étions que tous les deux, chacun parlait dans la langue de l’autre, sauf dans certaines situations exceptionnelles. Je pouffais un peu, amusé par le fait qu’elle s’inquiète autant. Elle avait raison, certes, mais j’étais bien incapable de ne rien faire pendant plus d’une heure. J’avais ce besoin de me dépenser, de faire quelque chose, de bouger tout simplement. Je ne pouvais pas rester en place, je ne l’avais jamais fait. Je n’étais même pas sûr d’être capable du contraire, pour tout vous dire…

Étant donné que je n’avais pas répondu, il y eut un nouveau silence. J’avais l’impression que c’était notre grande spécialité ! Mais sans que cela me dérange le moins du monde, je laissais mon regard se ballader sur elle. J’étais toujours étonné par ses cheveux, aussi je passais toujours beaucoup de temps à les observer. Mais mon regard descendit jusqu’à se poser sur ses yeux qui eux regardaient… mon torse. Torse parfaitement visible vu que, tombé dans l’eau, ma chemise était trempée et donc transparente, collant à ma peau. J’en rougis mais fus flatté qu’elle ait été attirée ne serait-ce qu’une seconde. Quant à moi, je continuais un peu plus bas, au niveau de ses seins, mais ses mots me coupèrent. Heureusement. Si quelqu’un m’avait vu… « Laissez-moi au moins demander à un villageois d'aller quérir notre médecin, elle pourra peut-être vous aider. » Je levais les yeux au ciel, me demandant ce qu’elle pouvait faire de plus. Mais après réflexion, j’acceptais. De toute façon, ça ne pouvait être pire et peut-être avaient-ils un remède miracle ? « D’accord, si cela vous fait plaisir »

J’arrêtais l’entraînement et Leandra choisit un des villageois pour aller chercher leur médecin. Je n’avais pas compris s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Chez nous, c’était une profession souvent réservée à la gente masculine, mais j’étais sûr qu’elle avait utilisé un féminin… Je verrai bien. Si c’est un homme, tant pis. Si c’est une femme, tant mieux. Je retournais sous la tente avec la jeune femme, où le soldat qui avait tenu mon verre tout à l’heure l’avait déposé sur la table où se trouvait le vin. Heureusement, il n’avait pas chauffé, ni dans la coupe ni dans la carafe, à l’ombre du soleil. Je le finis donc cul sec puisqu’il ne m’en restait qu’un fond et m’asseyais sur une des chaises en regardant villageois et soldats s’épauler. « Beaucoup pourraient penser que je me sens bien, assis ici, sur la place, à l’ombre, avec un verre… Mais là, je les envie à mourir. » Je jetais un bref coup d’œil à Leandra avant de continuer. « Surtout que j’aime les entraînements. Mon péché mignon d’homme, je suppose. Quoique les femmes peuvent savoir se battre » Je me resservais et me tournais vers elle : « Savez-vous vous battre ? » Je pouvais toujours lui apprendre, si elle le désirait, et une fois ma côte remise.

Au loin, le villageois parti revenait déjà en compagnie… d’une jeune femme. J’eus un petit sourire incontrôlé, mais j’avais l’impression que les femmes avec du pouvoir n’étaient pas très faciles, sur Sheheron. Elles avaient souvent beaucoup de caractère. Et un caractère fort. « Comment s’appelle-t-elle ? », demandais-je à Leandra, l’air un peu rêveur. Celle qui marchait vers nous était plutôt jolie, si ma vue était encore bonne. Mais étrangement, je la comparai immédiatement à Leandra et la trouvais moins charismatique. J’eus un peu honte d’avoir de telles pensées, de comparer deux femmes que je connaissais à peine, dont l’une d’elles, pas du tout.

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Alors que j’étais toujours assis, le pan refermant légèrement la tente se souleva fortement pour laisser passer celle que nous attendions. Elle était plus grande que Leandra et complètement différente, à vrai dire. Elle était toute de noir vêtue, et même ses cheveux étaient bruns. Bon, elle avait les yeux bleus, ce qui lui donnait un certain charme. Je la jaugeais discrètement et me levais par politesse. « Voici Morrigan. Morrigan, je te présen.. » — « Seigneur Blakcrain en personne. J'ai entendu beaucoup de choses de vous, mais aucune ne reflétait à quel point vous étiez séduisant. » J’eus un petit en coin, flatté par le compliment. Finalement, je m’étais fait de fausses idées. Je la croyais difficile à atteindre comme Leandra, mais elle semblait finalement plus… « Facile d’accès », si je puis dire. « Merci… J’aurais aimé avoir vent de votre charme également, Morrigan » Elle déposa ses affaires sur une des chaises et je me tournais vers elle, tournant ainsi le dos à Leandra — qu’elle me pardonne. « Alors, j'ai cru comprendre que votre côte vous faisait souffrir. » Le mot « côte » me fit réagir. Elle me parlait dans ma langue, et mieux que Leandra. Sa grammaire était plus juste et son vocabulaire plus important. Avais-je rencontré la mauvaise personne à mon arrivée ? Je chassais cette affreuse pensée de ma tête et finis par revenir à la réalité.

« Oui ! Depuis… Depuis deux semaines et demi déjà » Elle m’aida à enlever ma veste et ses mains sur ma peau auraient pu me procurer une vague de frissons si celle-ci n’était pas trempée. Je posais mon vêtement sur le dossier de ma chaise et le médecin, au féminin, commença à observer mon abdomen. J’éprouvais une curieuse sensation de me faire examiner par une femme, ce n’était pas dans mes habitudes… Mais je la laissais faire, tentant de garder un rythme respiratoire calme et régulier. Elle commença à tâter ma côte, appuyant de plus en plus fort, sûrement pour évaluer la douleur. Quand celle-ci commença à devenir presqu’insupportable, je vins saisir sa main. « Elle est donc cassée… » Tu m’en apprends une !, pensais-je ironiquement. « Alors, qu'est-ce que tu peux faire? » Je tournais juste la tête vers Leandra qui avait croisé les bras. Il ne fallait pas être idiot pour remarquer que ce n’était pas l’amour fou entre les deux jeunes femmes. Dommage… Je suis bien moi.

« Tu peux nous laisser, s’il te plaît ? » Il y eut un moment de silence et d’un regard, je poussais ma guide à quitter la tente. De quoi avait-elle peur ? C’était elle qui l’avait faite chercher après tout. Quand le tissu de la tente se rabattit, Morrigan vint s’asseoir sur la chaise auparavant occupée par Leandra. « Seigneur Blackrain… J’ai deux solutions pour votre mal. La méthode traditionnelle, qui consiste en une crème à appliquer chaque soir sur votre plaie et votre hématome et… » — « Et l’autre méthode ? » — « Je ne peux vous la dévoiler, mais votre côte serait remise en place et ressoudée à la fin de notre rendez-vous » Je fronçais un peu les sourcils, me demandant bien quelle pouvait être sa technique. Je fus attirée par celle-ci… Si je laissais Morrigan me guérir, alors je pourrais reprendre l’entraînement et tout le reste comme si de rien était. Mais je n’avais pas du tout confiance, son « secret » m’inquiétait un peu, et on parlait de ma vie. « La crème me suffira, merci quand même » Je sentais la déception dans ses yeux, même si elle gardait son sourire. Elle alla fouiller dans son panier et en sortit un pot gros comme mon poing. « Tenez… tous les soirs et tous les matins. Vous pouvez en appliquer maintenant. Voulez-vous que je vous aide ? » Encore une fois, je fus tenté, mais l’image de Leandra attendant dehors me rattrapa, et je refusais gentiment. « Une autre fois peut-être » Je soulevais le pan de la tente et elle sortit avant de se retourner pour me saluer, tandis que j'avais glissé de quoi la payer dans son panier « Merci de vous être déplacée, et au revoir » Je laissais Leandra rentrer et me rasseyais sur ma chaise sans remettre ma chemise, pas gêné le moins du monde (xD). J’ouvrais le pot et observais la crème verdâtre. « Tous les matins, et tous les soirs… Je vais m’amuser… Et puis cette texture ! », m’exclamais-je avec une mine de dégoût provoquée par le côté pâteux et gluant de ce qui était sensé m’aider. Là, Leandra pourrait l’aider à la place de Morrigan, je dis ça… je dis rien hein !

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Alors que j’essayais tant bien que mal d’appliquer la crème verdâtre, farineuse et pâteuse, sur ma côte, Leandra vint s’assoit près de moi et m’arrêta. « Tenez, laissez-moi vous aider » Je hochais la tête et elle attrapa délicatement le pot. Je la regardais en prendre sur ses doigts et ses mains se posèrent finalement sur le côté de mon abdomen, à côté de mon hématome. Je la laissais faire et le contraste entre la pommade froide et ses mains chaudes était saisissant. De longues secondes passèrent et je ne bougeais pas, la laissant faire. Ses gestes étaient si souples que je n’en avais pas mal ; tout ce que je ressentais, c’était des vagues de frissons parfois. « La dernière fois que nous étions dans cette situation, vous étiez mal en point. » Je pouffais et fus forcé d’admettre qu’elle avait raison. Cette dernière fois dont elle parlait, c’était aussi le soir de notre rencontre. C’était aussi le soir de la naissance de ma côte cassée, mais passons. Le souvenir de ses mêmes gestes me fit sourire.

« En effet… Mais vous m’avez sauvé, et je vous en remercie » Pour la première fois, je prenais la peine de le faire vraiment. L’autre jour, notre conversation avait mal fini quand ce sujet était revenu sur le tapis… Mais aujourd’hui, je savais que notre relation avait assez évolué pour éviter la même dispute. « Je sais que je ne dois pas parler de cette nuit là (tu parles de quoi là Markus… haha), mais je tiens à ce que vous sachiez que je suis très reconnaissant. Je n’oublierai pas, je voulais juste vous le dire » Je lui souriais et un silence retomba à nouveau. Seul le vent frappant sur le pan d’ouverture de la porte osait briser ce calme. Sans tourner mon buste, je tournais la tête vers la table où j’étais assis tout à l’heure. Y reposait toujours la lettre de mon frère, Arès. Ses mots me revinrent alors en mémoire. « Il me semble que Père et Mère ont prévu une sorte de banquet dans quelques semaines. Toutes les personnes les plus importantes seront ici. Penses-tu pouvoir venir? Et éventuellement amener cette Leandra dont tu parles si souvent? ».

« Leandra… » Je vins attraper sa main pour qu’elle arrête, et j’eus une sorte de flashback de l’autre nuit, quand je m’étais présenté. Je repris vite mes esprits, et continuais ma délicate mission. « Je viens de recevoir une lettre d’un de mes frères, il s’appelle Arès » Je pris une pause avant d’aller droit au but « Mon Père organise un banquet, chez moi, dans quelques semaines… Venez avec moi... Vous saurez donner un témoignage vrai » Son regard devint rapidement inquiet, et je vis la réponse négative arriver. J’attrapais ses mains et plongeais mes yeux dans les siens. « Je t’en prie. Viens avec moi » Je ne remarquais pas tout de suite le tutoiement, mais elle, oui. Immédiatemment, je rougis et lâchais ses mains. « Je suis désolé… J’aimerais juste que ma famille voit une personne venant de Sheheron… Qu'ils apprennent de cette île de la même manière que moi. »

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« Je viendrai ! » Puisque que tout espoir m’avait semblé perdu, cette phrase me surprit fortement. Je ne montrais pas mon étonnement et gardais ma posture, l’invitant à sortir de la tente, les soldats pouvant être très mauvaises langues parfois. Je finis par lâcher le léger tissu et de nouveau, nous nous retrouvions devant ce camp d’entraînement improvisé. Certains duos s’étaient arrêtés. D’autres continuaient ; ils avaient du faire leur pause avant. Leandra se tourna brusquement vers moi, sûrement avec l’intention de poser une condition ? « Mais je ne le fais pas pour vous » J’eus un petit sourire. Elle ne voulait pas du tout imposer de condition finalement… Elle s’assurait juste du fil de ma pensée, ce qui est honorable, même si cette idée ne m’avait pas traversé l’esprit. Je vins me replacer à côté d’elle en silence, quand elle ajouta : « Je le fais pour mon peuple, et parce que la meilleure façon de vous connaître, c'est de vous rencontrer en personne. » Je le savais, pourquoi ressentait-elle le besoin de se justifier ? Je l’avais invitée, et elle avait accepté… Elle n’avait pas besoin de s’expliquer.

Ou alors elle le faisait vraiment pour moi, et elle voulait me faire croire que non. Cette pensée me fit rire à voix haute, et elle réagit, évidemment. Elle me poussa de ses deux mains et je me laissais aller pour ne pas contracter, et me faire mal. « Cessez de vouloir donner vos raisons. J’avais les mêmes motivations pour venir ici. Et puis, cela a plus tendance à vous décrédibiliser par rapport à ce que vous dites » Je frappais dans mes mains et les personnes au repos se relevèrent pour travailler. Le beau temps n’est pas une excuse pour chômer, même si, je dois l’admettre, je préfèrerais aussi me coucher dans le sable et me reposer. Mes soldats devaient savoir se battre dans le froid comme dans la chaleur ! Si une guerre vient à éclater, ils doivent savoir se battre sur tous les terrains possibles, qu’importe le climat. Je veux la meilleure armée, elle l’est j’en suis certain, et le restera.

« Tout à l’heure, je vous ai demandé si vous saviez vous battre, et vous m’avez répondu qu’une femme avait d’autres armes. Voulez-vous apprendre, Leandra ? Surpasser ces autres femmes, être plus forte ? Savoir se battre comme une femme, mais connaître les hommes ? » J’étais bel et bien en train de lui proposer un entraînement personnel. Blessé, cela n’allait pas me demander un effort d’apprendre à une débutante. « Pour l’instant, ce serait à mains nues. Qu’en dites-vous ? » Je lui envoyais un beau sourire, dans l’espoir qu’elle accepte comme elle a accepté de venir à Denerim.