SHEHERON
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 [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.

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GOD ☞ si je regarde en arrière, c'en est fini de moi

Leandra R. Paragon

Leandra R. Paragon
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MessageSujet: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMar 24 Avr - 7:58



le dragon, l'aigle et l'ogre
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« Et nous arrivons à présent près du Palais du Peuple. » Il tenta de répéter le "Palais du Peuple" en skaëron, mais sa prononciation était imparfaite. Je souris doucement, le voyant tenter de faire de son mieux, puis je répétais plus distinctement. Il reprit, et même si c'était un peu mieux, je me mis à rire, rire qui ne fit que s'accentuer lorsque je croisais son regard faussement incendiaire. Je claquais ma langue pour faire avancer mon cheval, suivie de près par celui de Markus. Je lui avais montré les environs en passant par la forêt, puis en revenant un peu sur la plage, lui expliquant la signification des côtes de l'infini. Il m'avait écoutée calmement, manifestant visiblement de l'intérêt en posant les questions qui lui brûlaient les lèvres. Nous étions redescendus en longeant la mer plutôt agitée aujourd'hui, et nous étions arrivés sur Par Volen. Les regards qui se posaient sur nous étaient partagés. Certains s'inclinaient, visiblement impressionnés et flattés d'être témoin du passage d'un prince. Je ne savais pas s'ils avaient réellement conscience de ce qu'il était chez lui, mais en tout cas, ils le regardaient avec déférence. D'autres nous lançaient un regard suspicieux et rentraient chez eux, préférant ne rien avoir à faire avec nous. Certains me saluaient en skaëron, et je leur retournai une salutation, puis seulement s'adressaient à Markus. Tous étaient cordiaux, et aucun incident n'avait été à reporter. Malgré le vent chaud, le soleil était caché par les nuages, si bien qu'il faisait moins chaud à Seheron que d'ordinaire. Mais cela ne suffirait pas à entacher ma journée.

M'arrêtant devant le Palais, j'expliquais au continental son rôle dans la cité, restant discrète sur certains détails, comme mon implication personnelle, les querelles, et quelques coutumes bien à nous. Même si je brûlais d'envie de tout lui raconter, les recommandations de Warand me rappelaient souvent à l'ordre. Lorsque nous reprenions la route, je jetais un coup d'oeil devant nous avant d'indiquer à mon invité que nous allions continuer à pied. Le marché grouillait déjà, et nous devions y passer, surtout qu'il y avait beaucoup d'animation. Nous y étions déjà passés, et nous y repasserions sans aucun doute. Je mis pied à terre, laissant ensuite mon cheval partir ou il le voulait. Ce qui avait surpris Markus aussi, c'est que nos chevaux sont souvent sans mords, selle, ou un quelconque attirail. J'avais beau être incapable de lui expliquer pourquoi c'était ainsi, il avait semblait-il adopté l'idée plutôt bien, et cela m'avait plu. Nous nous enfoncions alors dans le marché, et je jetais un coup d'oeil dans sa direction. Plusieurs jours auparavant, il m'avait proposé de l'accompagner sur le continent pour les célébrations d'une Déesse, très prisée de sa famille. J'avais décidé d'y aller, puis j'en avais informé Warand. Il avait beau avoir manifesté des réticences certaines, je semblais avoir remporté cette manche, et il m'avait accordé sa bénédiction, mais aussi des consignes. Je devais en apprendre un maximum sur eux, de manière à ce qu'ils ne soient pas les seuls à posséder des informations sur l'autre. Si je n'approuvais pas à toutes, j'étais trop enthousiaste pour m'en soucier.

Markus croisa mon regard et me dédia un sourire que je lui rendis de façon franche. Quelqu'un passa très vite à mes côtés, me bousculant presque, mais je n'y prêtais pas plus attention que ça. Les odeurs des fruits frais et de la viande séchée et salée me parvenaient, bloquant toute pensée négative. Quelques secondes plus tard, un guerrier me dépassa en courant, dans la même direction que la jeune femme. Un mouvement de foule libéra de la vue, et je vis l'homme se jeter sur elle pour la plaquer au sol. Elle se débattait si violemment qu'on pourrait croire qu'elle avait le diable au corps. Un deuxième arriva et il envoya une main baladeuse se déplacer le long des côtes de la femme, tirant un long morceau de viande. Le vent sembla reprendre de sa force à cet instant. Elle avait volé ce morceau. Je connaissais la punition. Elle serait attachée, à la poutre au milieu d'une terrasse de pierre. Elle serait fouettée, jusqu'à ce que celui qui accomplissait la punition le juge suffisant. La loi des Stakka n'était peut-être pas idéale, mais c'était une loi comme les autres. Alors que la foule suivait la pauvre femme qui trainait des pieds par terre, créant des sillons de sable et hurlant des phrases que j'avais moi même su mal à comprendre tant elle était désarticulée, j'attrapais le bras de Markus, lequel se tourna vers moi. « Vous ne devez pas intervenir, peu importe ce qu'il se passe, vous m'entendez? » Ma voix s'était faite plus sévère, mais j'étais on ne peut plus sérieuse. S'il hocha la tête, je ne le vis pas, et il faisait déjà volte face pour se rapprocher. Restant à ses côtés, je l'imitais. La vieille femme était attachée à la poutre, faisant face à la foule. Elle semblait même avoir du mal à tenir debout, et ses poignets étaient déjà rougis par le poids de sa fatigue. Le guerrier qui répondait au nom de Drafko sortit son fouet et le fit claquer une fois par terre, soulevant une nappe de poussière. Il s'approcha de la prisonnière et d'un coup violent, lui dénuda le dos. Le premier coup s'abattit sur le dos de la pauvre femme, mais aucun son ne sortit. Elle était soit courageuse, soit exténuée, soit stupide. Je n'arrivais pas à me décider. Le deuxième coup partit, lui arrachant cette fois un gémissement. Je sentis Markus esquisser un mouvement à côté de moi, aussi attrapais-je sa main pour éviter qu'il ne fasse une bêtise. Et alors que je le sentais échapper à mon contact, je me dis que ceci pourrait bien entacher ma journée.
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Markus S. Blackrain

Markus S. Blackrain
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☞ CITATION: « Je lui aurais volontier pardonné son orgueil s'il n'avait pas blessé le mien »
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeLun 30 Avr - 12:44

chaque jour a son injustice


« Et nous arrivons à présent près du Palais du Peuple » Le skaëron de Leandra était doux et fluide, aussi agréable que l’eau suivant la courbe de nos muscles lorsqu’il pleut. Je répétais « palais du peuple » dans sa langue, mais l’effet fut beaucoup moins harmonieux. Je tentais à nouveau, y mettant toute la volonté du monde pour réussir à prononcer ces mots correctement. Mais la jeune femme se mit à rire, devant mon nez, et j’en profitais pour lui lancer un regard faussement accusateur, moi-même amusé par mon mauvais accent parfois. Elle fit avancer son cheval en claquant la langue quand je me contentais de donner un petit coup dans les flancs du mien, gardant précieusement ma salive pour parler. Avec cette chaleur, j’avais cette fâcheuse tendance à me déshydrater facilement et à avoir les lèvres sèches. Ne vivrai-je donc jamais dans une contrée ni trop chaude, ni trop froide ? D’un pas raisonnable pour nos bêtes, nous traversions cette dense forêt dans laquelle je m’étais cassée une côte qui était en voie de guérison, jusqu’à arriver sur les Côtes de l’Infini. Durant tout le chemin, elle m’avait expliqué les symboles et les histoires de ces lieux qui m’avaient l’air magiques et féeriques. Par exemple, nous étions passés près de l’Arbre de la Vie. Il était sacré, ici, à Sheheron, et tous les habitants, quelque soit leur tribu, le respectait. Personne ne devait le toucher, seulement l’observer et l’écouter. Personnellement, je n’entendais rien… Peut-être ne prêtais-je pas asse d’attention, mais tout ce qui venait à mes oreilles était le bruit crée par les animaux de la forêt. Nos chevaux s’arrêtèrent au bord de la falaise. Là, ne vague de questions m’envahit et je n’hésitais pas à demander à Leandra de m’éclaircir. Elle me répondait toujours avec beaucoup d’enthousiasme : il était certain qu’elle aimait et qu’elle s’intéressait à la culture et à l’histoire de son île et peuple. Toujours calmes, nous passions par la plage pour rejoindre Par Volen. J’étais désormais habitué aux regards qu’on pouvait me lancer, même si certains me dérangeaient encore. Quelques Sherans avaient fini par comprendre que je ne leurs voulais pas du mal et me respectaient, mais d’autres pensaient le contraire. Je continuais d’avancer, ne m’attardant que sur ceux qui daignaient me saluer. Avec eux, j’étais souriant et agréable. Le tour était fini. Nous étions de nouveau devant le Palais du Peuple, bâtisse que je trouvais extraordinaire. Sa structure était complètement différente de celle de nos châteaux, et cela ne l’empêchait pas d’être magnifique. C’était un autre art que celui des Continentaux, les deux avaient défauts et qualités, mais la nouveauté est toujours étonnante. J’écoutais attentivement Leandra, essayant de mémoriser un maximum d’informations afin de les apporter à mon père. Je la suivis quand elle descendit de cheval. D’ailleurs, j’en profitais tant que j’y pensais : « Pourquoi vos chevaux n’ont-ils pas de mords ? » Il s’agissait d’une de mes grandes interrogations. Il devait être très difficile de guider et commander un étalon dans ces contrées… Je préférais me tenir à mes méthodes, malgré ma volonté de m’intégrer. Prenant une grande inspiration, je m’avançais dans le marché où les Sherans grouillaient tels des fourmis. Chacun portait ses effets achetés il y a cinq minutes sous le bras et se dépêchait de rentrer chez lui pour y déposer les grosses fournitures avant de revenir chercher ce qu’il avait fait mettre de côté. Dans ce moment de silence, je souris à Leandra, mais une jeune femme la bouscula sans même s’excuser. Quelle impolitesse… Mais quelques secondes après, un guerrier Stakka passa également en courant, plaquant la fuyarde au sol avec une force qui n’était pas nécessaire, au vu du gabarit de celle que je devinais être une voleuse. Un deuxième guerrier arriva pour arracher un morceau de viande que le vent fit disparaître. La femme se mit à hurler en se débattant : elle avait l’air si pauvre. Au vu de la quantité de viande volée, j’étais à peu près sûr qu’elle avait un enfant à nourrir. Le morceau n’était pas si frais que cela, elle aurait eu à le jeter avant de finir. Ce genre de personne dans le besoin n’aurait pas aimé gâcher. « Vous ne devez pas intervenir, peu importe ce qu'il se passe, vous m'entendez ? » Je ne répondis rien. Je ne pouvais pas lui permettre cela, il était réputé que les Blackrain soient un peu trop impulsifs. Lutter contre ce trait de ma personnalité était une mission bien trop difficile… Je m’approchais de l’estrade sur laquelle la voleuse avait été attachée telle une pièce de bétail. Le Stakka fit claquer son fouet puis arracha le vêtement de la femme, la mettant à nu devant ce public intéressé par la violence. Sans attendre, il commença ce châtiment que je trouvais insupportable. Chez nous, elle aurait « seulement » fini aux cachots… Ici, user de la violence de cette façon, abîmer les corps… Je ne détournais pas la tête, la regardant subir sa sentence et l’écoutant gémir sous les coups qui lui marquaient le dos. Au bas de l’estrade, il y avait ce petit homme. Un garçon qui devait au maximum avoir huit ans et qui pleurait toutes les larmes de son corps, apeuré, effrayé, et sûrement triste de ne pas être assez fort et âgé pour protéger cette femme qui devait être sa mère ou sa sœur, les traits de faim et de soif la vieillissant probablement. Cette vision me donna une violente sensation de dégoût, et je quittais la main de Leandra pour me lancer sur l’estrade d’un seul bond. « Arrêtez ça ! » Le guerrier arrêta son geste en l’air et fronça les sourcils en s’approchant de moi. Je l’ignorais et m’approchais de la voleuse pour la rassurer. « Cette punition est-elle utile ? C’est un vol, certes, mais je n’ai pas l’impression qu’elle ait de quoi se nourrir ! Peut-être a-t-elle un enfant ? N’éprouvez-vous donc aucun remords ? » Il n’avait pas l’air. Qui étaient ces hommes ? Qui étaient ces monstres pour se permettre une telle profusion de violence ? Je ne suis pas pacifiste, loin de là, mais je hais les coups qui n’ont pas lieu d’être autant que je déteste les personnes qui n'osent réagir et prendre la défense de ceux qui en ont besoin. Je jetais un regard à l'enfant au bas de l'estrade. Cet enfant qui m'avait fait réagir de façon aussi impulsive. Cet enfant.

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Warand G. Stakka

Warand G. Stakka
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeLun 30 Avr - 15:37

Warand se trouvait dans l’une des casernes de Par Volen. Il supervisait l’entraînement des archers de l’après-midi. Il aimait particulièrement ce moment de la journée. N’étant pas archer lui-même, il se contentait de regarder les instructeurs et de commander quelques manœuvres assez simples. Certes, Warand n’était jamais joyeux au sens premier du mot, il se contentait simplement de ne pas exploser tout ce qui se trouvait dans sa zone vitale. D’autant plus qu’il était toujours tracassé par les évènements récents. Sa femme quitterait l’île d’ici peu pour aller fêter une divinité continentale chère au peuple du prince Markus. Tout cela n’inspirait rien de bon à Warand. Sa femme était trop « simple » pour connaître les règles du jeu de l’intrigue politique. Les Paragon se contentait depuis des années d’être des témoins inutile d’un passé bientôt révolu, celui du secret des dragons. D’ici peu de temps, les dragons ne seraient plus un secret pour personne. Naturellement, seul un habitant de Sheheron pouvait comprendre qu’on ne pouvait les exploiter comme une ressource. Non pas dans un élan de moralité spontané, tout simplement parce que les Dragons n’étaient pas du même monde que les humains. Ils étaient au-dessus d’eux. Aucun Roi ne pourrait jamais les avoir sous sa coupe. Warand ignorait si les dragons étaient immortels. Il n’y croyait pas vraiment, rien en ce monde n’est immortel. Même la pierre la plus ancienne finit par disparaître à cause de l’érosion, même le plus grand prédateur de l’univers est soumis au temps et aux armes. Warand convoitait le secret de ces reptiles ailés légendaires depuis sa plus haute adolescence. Depuis toujours, il était persuadé que les Dragons étaient la clé de sa réussite. Seuls ces mystérieuses créatures le ferait un homme victorieux où un misérable. Entre temps, il fallait s’assurer que Léandra ne fasse pas de sottise et que personne ne s’en prenne à elle. Cette opportunité ne pourrait jamais se représenter, et la dette envers Morrigan était assez chère pour qu’il soit lui-même dissuadé de retenter une telle expérience. Une épée de Damocles continuellement au-dessus de sa tête ne l’enchantait pas. Encore moins si des gens comme Markus se mêlaient de ses complots. Certes, il avait beau détester le jeune prince, il ne pouvait prendre le risque que son père n’envoie un autre ambassadeur plus intelligent et moins ébahi par la civilisation de Sheheron. Même si cet attrait ressemblait de plus en plus à de l’attirance pour sa femme, ce que le Chef des Armées ne pourrait tolérer sous aucun prétexte. Ecoutant les flèches fuser, il se devait de réfléchir à un plan afin de remettre les compteurs à zéro entre lui et sa femme. Sa relative capitulation de la dernière fois vis-à-vis de Markus lui déplaisait fortement. Malgré sa tentative de récupérer l’acte de sa femme à son profit, il se doutait que le Père de Markus devait être un homme similaire à Warand, il saurait jouer sa partition à la perfection afin de maintenir sa position privilégiée dans l’île. Le soleil agaçait Warand, il fallait toujours que cette île le fasse suffoquer. Une sorte d’épreuve afin de le garder en éveil en permanence. Pourtant, il était habillé assez légèrement. Une légère tunique en tissu local blanc et sans manche. Un pantalon de toile brune ainsi qu’une ceinture en cuir à laquelle se trouvait ceinte une épée bâtarde à la lame légèrement plus longue que la moyenne. A ses pieds de simples souliers de cuir marron encrassé par la poussière et le sable de l’endroit. Il flattait sa barbe l’air pensif. Prendre part sur les affaires du continent ne serait pas chose aisée. Surtout pas avec Léandra et sa sœur qui passerait leur temps à s’opposer à lui au Conseil. Le Royaume de Markus pouvait permettre cette prise de position solide. Cela dit, il fallait provoquer les choses et cela supposait de ne pas avoir pour seul interlocuteur les Blackrain. Un autre problème qu’il faudrait résoudre en temps voulu. L’heure était à planifier la sécurité de l’île. Parer à toute éventualité était la tache de Warand et force était de constater qu’il n’était pas prêt si jamais une attaque surprise venant de ces félons de continentaux s’en prenait à eux. Warand demanda à ses lieutenants de le rejoindre dans une salle ou se trouvait la carte de Sheheron. Les avis divergèrent rapidement, Warand écoutait distraitement les uns et les autres. Malgré le charisme de son chef, la tribu Strakka restait profondément divisée entre les conservateurs fidèles au Conseil et les réformateurs agissant pour que les Strakka s’emparent seuls du pouvoir. Attaquer les continentaux seuls était suicidaire, tout le monde en convenait. Ce qui faisait débat était la façon de s’y prendre. Les conservateurs proposaient d’entendre les représentants de chaque pays du continent avant de se faire une opinion, ce qui revenait à laisser le Conseil trancher. Les réformateurs étaient très favorable à une alliance militaire avec les Blackrain au moins temporairement afin d’avoir une justification dans une intervention militaire ultérieure dont les Strakka pouvaient retirer des richesses considérables. Warand venait du clan des réformateurs et pour une fois, l’avis des conservateurs ne lui paraissait pas si idiot. La position privilégiée des Blackrain ici s’expliquait moins par l’affinité que les iliens leur portait que par le fait qu’ils aient été les seuls à envoyer un ambassadeur pour l’instant. Il était sûr que le père de Markus chercherait à maintenir cet état de fait le plus longtemps possible. Et cela, les conservateurs avaient raison, il fallait le stopper. Warand allait trancher la question lorsqu’un soldat entra dans la salle, il salua l’élite des Strakka et vint chuchoter quelque chose à l’oreille de Warand. Le visage de celui-ci se déforma dans un rictus de colère. Il saisit le soldat à la gorge et le souleva de terre comme un sac de plume, des éclairs et des flammes fusant de son regard.

-IL A FAIT QUOI !?


Le soldat répéta ce qui eut pour effet d’envenimer davantage la situation. Warand le jeta misérablement et ne prêta même pas attention à son corps affalé sur le sol. Markus et sa femme venaient de dépasser les bornes. Cette fois-ci, Prince ou pas Prince, Warand allait lui faire payer son outrecuidance de la façon la plus amère. Un cruel sourire apparut sur le visage de Warand. Il ordonna rapidement qu’on le change. Il ne comptait pas se présenter face à ce petit idiot dans une tenue décontractée, il fallait lui montrer que sur cette île les lois n’étaient pas une plaisanterie. Warand irait à lui pratiquement torse nu, comme les guerriers Strakka allaient sur le champ de bataille. Il portait à présent un ample pantalon de cuir noir avec des bottes de la même matière. Sur la peau de son dos se déployait une magnifique cape noire avec épaulettes. Ses longs cheveux en tresse jeté en arrière. Sa main droite encore souffrante l’obligeait à porter un gant de cuir afin de diminuer les risques de choc ou de blessure involontaire. Les chevaux militaires des Strakka, contrairement aux autres montures de l’île étaient lourdement équipés afin de les protéger pendant les combats en plus de supporter l’équipement d’un guerrier de Sheheron. Une scelle, des rennes, des étriers et même sur la tête et les flancs une sorte de cuirasse. L’étalon de guerre noir de Warand était de loin la meilleure bête de Sheheron. Il prit avec lui dix cavaliers Strakka plus trois archers montés. Le cortège parti au galop à travers Par Volen. Les habitants savaient parfaitement qu’il valait mieux ne pas se trouver sur le chemin d’un Warand excédé, surtout lorsque sa femme prenait part dans sa colère. La chevauchée rapide et dangereuse, ponctuée de quelques sauts au-dessus d’étals permettait à Warand de méditer sur le châtiment qu’il allait infliger au prince. Il seraut un témoignage de l’étendue de sa cruauté. Toutes les tendresses de sa femme n’y changeraient rien. Plus qu’à la loi de l’île, Markus avait défié les Strakka. Seuls les plus fous se permettaient se genre de privauté. Seuls les étrangers devaient ignorer qu’ici, la justice est rendu dans le sang si nécessaire et que l’ordre devait régner coute que coute. Il arriva sur la place du marché, le lieu du délit. Là, Markus s’interposait entre le fouet de l’un des siens et une femme, une chapardeuse de toute évidence. Sur Sheheron, seuls les flagrants délits étaient réglés par une exécution immédiate de la peine. Il arriva derrière Markus, juste au moment de son petit laïus lénifiant sur les remords. Ni lui ni sa femme ne l’avait vu arriver. Il se fit signaler à eux par sa voix de stentor qui semblait calme et posé bien que martiale. On sentait chez lui l’habitude à donner des ordres avec une autorité naturelle qui ne souffrait pas la moindre discussion. Il dégageait cette présence du général rigide, fier de ses valeurs et soucieux de son autorité et de son pouvoir. Cet affront, cela se sentait dans la voix de Warand, il le prenait personnellement.


-Qui êtes-vous pour prendre la place de juge sur cette île Prince Markus ?

Une fois l’attention bien reportée sur lui, les cavaliers firent un demi-cercle autour de la voleuse, de Markus et de Léandra. Warand avait ordonné aux archers d’avoir leurs arcs prêts à être bandé. Les cavaliers usant d’épée avaient eu l’ordre de garder leurs épées dans leur fourreau. Cet imbécile avait beau jouer le matamore, il n’en était pas moins un prince étranger et, du moins on était forcé de le supposer, un homme d’honneur. Arriver prêt de lui épée dehors était pratiquement une provocation en duel masquée. Ce que Warand ne souhaitait pas, pour l’instant. Le soldat Strakka possédant le fouet s’approcha du destrier de Warand et lui tendit le fouet enroulé. Warand prit l’instrument dans sa main.

-Vous parlez de remords Prince Markus, mais quel est le plus important ? L’honneur ? Ou les remords ? Que vaut l’honneur d’un homme qui ose bafouer les lois du peuple qui l’accueille parce qu’elles lui déplaisent ? Je dis qu’il vaut moins encore que la vermine qui s’empare du bien des autres en dehors de la loi Prince Markus. Si vous ne souhaitez pas être rangé parmi une telle engeance Prince, éloignez-vous de la coupable ou je le jure sur mes aïeux vous n’allez pas aimer ce qui suivra !

L’étalon de Warand s’avança à quelques mètres de Markus. Il jeta un regard noir à sa femme. Cependant, ce qu’il vit dans son regard n’était pas franchement de l’approbation. Il s’en doutait ceci dit, il s’agissait d’une désolation différente. Certes, il lisait en elle son horreur de la brutalité de la loi des Strakka, la seule façon selon Warand de décourager les criminels. Cela dit, une sorte de résignation s’y lisait, comme si l’attitude de Markus l’agaçait. Elle occupait la position la plus inconfortable dans cette histoire. Il ne fallait pas trop la mettre dans une position compromettante ni étaler des désaccords trop publiquement, du moins, il ne devait pas en être à l’initiative. Etrangement, il cherchait du soutien chez son épouse afin qu’elle ramène le prince à la raison. Cet affront pouvait se régler sans heurt ou avec effusion de sang, mais dans les deux cas, sa femme devait le comprendre, Warand ne reculerait pas. Il ne parlait pas sous le coup de sa seule colère mais bien dans une manœuvre politique afin de montrer au peuple de Sheheron qu’il ne se laissait pas intimider par les étrangers. Il reporta de nouveau son attention sur Markus qui semblait tout de même hésiter.

-Ce sera mon seul avertissement, Votre Altesse.
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Leandra R. Paragon

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMar 1 Mai - 12:53



le dragon, l'aigle et l'ogre
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Arrêtez ça ! Cette punition est-elle utile ? C’est un vol, certes, mais je n’ai pas l’impression qu’elle ait de quoi se nourrir ! Peut-être a-t-elle un enfant ? N’éprouvez-vous donc aucun remords ? Drafko arrêta son geste, avant de faire un pas vers Markus, les sourcils froncés. Le malaise qui m'envahit fut rapidement suivi d'une colère extrême, une sensation d'impuissance et de dérapage qui me fit serrer les poings. Quel stupide désir de justice pouvait bien l'avoir animé! Ne lui avais-je pas répété maintes et maintes fois qu'il était inutile de s'imposer de cette façon. Ce qu'il faisait ici, la seule chose qu'il faisait, c'était compliquer la situation. Ce qu'il croyait faire ici, c'était lutter pour une vision, et cela les Stakka ne pourraient pas le comprendre. Rien de ce qu'il faisait arriverait à changer quoi que ce soit. C'était stupide, impulsif, et cela nous mettait lui comme moi dans une situation difficile. Et je lui en voulais pour cela.

Je m'approchais de lui, ne désirant tout de même pas le laisser affronter ce qui suivrait tout seul. Warand venait d'arriver. Il avait fait une entrée fracassante, soulevant un drap de poussière sur son étalon noir. Ses sourcils froncés et son regard sévère m'auraient fait baisser les yeux, quelques semaines auparavant. Et pourtant, pour une quelconque raison, cela m'était inconcevable maintenant. Sa voix claqua, forte et stridente, autant que le fouet de Drafko tout à l'heure. Un long frisson remontait le long de mon dos, présageant d'une tempête à venir. Je n'avais pas les moyens pour l'empêcher. Si j'avais réussi à le tempérer lors de notre dernière rencontre, mes mots doux ne suffiraient pas cette fois ci. Il avait marché sur ses plates bandes, lui, un continental, un étranger. Je savais aussi que ma relation avec lui le dérangeait, donc le voir en chair et en os accentuait le sentiment. Qui êtes-vous pour prendre la place de juge sur cette île Prince Markus ? Je tentais de capter le regard de mon mari. Pour l'instant absorbé par celui de Markus, il ne me prêtait pas attention. Je jetai un coup d'oeil vers Markus, mais je n'y lisais pas de détermination, ou de regret. Une haine encore plus virulente simplement. Une poussée lui fit serrer les poings, alors que les chevaux de la garde nous entouraient à présent.

Je devais agir. Je devais dire quelque chose. Il allait l'écorcher sur le place publique, il le ferait. Si vous ne souhaitez pas être rangé parmi une telle engeance Prince, éloignez-vous de la coupable ou je le jure sur mes aïeux vous n’allez pas aimer ce qui suivra ! Warand croisa finalement mon regard, et ce que j'y lis me fit frissonner de la tête au pied malgré la chaleur. Rien ne l'apaiserait. Il était farouchement déterminé. Je l'avais rarement vu comme ça. Je tournai la tête vers Markus. Pitié, qu'il se souvienne de mes mots, qu'il ne mette pas sa vie en danger inutilement. Il devait laisser son orgueil de côté, il le devait. J'aurais aimé le raisonner, lui parler à voix haute, mais tout ce que je pouvais faire, c'était penser ces choses là, et le regarder d'un air désespéré. En joignant mon regard avec celui de mon époux à nouveau, j'observais quelque chose d'autre. Il attendait. Il voulait que j'agisse, que je sois de son côté. Si une folle partie de mon être me soufflait de soutenir Markus, puisqu'il défendait quelque chose de vrai et de juste, le reste hurlait à la trahison, et me dictait de respecter mon mari. Je ne pouvais pas prendre le côté de Markus. Les mots de Warand me revinrent en mémoire, concernant l'implication d'un homme et d'une femme dans un mariage. L'un devait être le pilier de l'autre, tout le temps. Je devais le soutenir, même si je n'en n'avais pas envie. Comment le verraient ses soldats s'il n'arrivait pas même à dompter sa femme?

Je me sentais horriblement mal, tant était que le regard de Warand me transperçait de part en part. Je décidai d'y couper court, mais je croisai simplement le regard d'un petit enfant, tout près de nous. Les longs sillages des larmes lui donnaient un visage infiniment triste et j'en fus frappée pendant un moment. Markus avait raison. La punition était-elle vraiment à la hauteur du crime? Non. Ca n'tait pas à moi de contester cela, il fallait une loi, et si elle n'était pas respectée, il fallait s'assurer que cela ne se répète plus. N'était-ce pas la façon dont cela marchait chez eux aussi? Si un crime passait les mailles, alors qu'est-ce que ce serait après? Je jetai un coup d'oeil à Warand, puis à Markus. Je ne savais pas quoi faire. Si je parlais, j'en décevrai forcément l'un des deux. Si je me taisais, Warand m'en voudrait, et on savait que cela n'était jamais bon. Si je coupais la poire en deux... Je restais un moment silencieuse, et je finis par prendre la parole. Je suis persuadée que Markus ne pensait pas à mal, Warand. Je pris une inspiration et me tournai vers lui. La punition était sans doute exagérée, mon époux. Cette femme n'avait rien. C'est l'honneur du prince qui l'a poussé à agir, rien de plus. C'est tout ce que je peux faire Markus, s'il vous plait, calmez vous. Je sentais le tonnerre arriver, et je m'approchais de Warand. Je ne peux pas parler en sa place, mais il avait tord. Je suppose que cette punition lui est étrangère. Ces mots me faisaient mal, et alors que je me retournais vers Markus, après nous avoir séparé de quelques pas, je lui lançai un regard désolé.

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Markus S. Blackrain

Markus S. Blackrain
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMar 1 Mai - 13:48

chaque jour a son injustice


L’homme qui me répondit ne fut pas celui qui tenait le fouet. Je reconnus cette voix rauque, et elle me déplaisait fortement. Le bourreau ne pouvait-il pas se défendre seul ? Avait-il réellement besoin de Warand ? « Qui êtes-vous pour prendre la place de juge sur cette île Prince Markus ? » Je ne suis personne justement, avais-je envie de lui répondre, et c’est bien pour cela que je prenais la peine d’aider cette femme. Même si mon impulsivité y était énormément pour quelque chose. Mon geste était idiot, j’en étais conscient et je ne pouvais que l’avouer, mais maintenant que j’étais sur cette estrade, cet enfant et cette femme n’avaient que moi pour les soutenir. Si je ne peux faire qu’elle s’en sorte, au moins elle saura que quelqu’un a essayé de la protéger. « Vous parlez de remords Prince Markus, mais quel est le plus important ? L’honneur ? Ou les remords ? Que vaut l’honneur d’un homme qui ose bafouer les lois du peuple qui l’accueille parce qu’elles lui déplaisent ? Je dis qu’il vaut moins encore que la vermine qui s’empare du bien des autres en dehors de la loi Prince Markus. Si vous ne souhaitez pas être rangé parmi une telle engeance Prince, éloignez-vous de la coupable ou je le jure sur mes aïeux vous n’allez pas aimer ce qui suivra ! » Je serrais les poings et ma respiration se faisait de plus en plus irrégulière. Des lois de barbare ! Qui suis-je pour laisser des coutumes tuer ses habitants à petit feu ?! Je ne répondais toujours pas, essayant de me rappeler des conseils de Leandra. Mais cela m’était si dur… J’avais toujours agi en protégeant mes principes et maintenant que j’étais à Sheheron, je devais les mettre de côté parce que ces monstres me le demandaient. Ces hommes incapables d’aimer et de respecter les plus faibles. Sa menace ne me faisait nullement peur, ce n’était pas ses guerriers de deux mètres de haut qui m’effrayaient, étrangement. Courage ? Folie ? Je ne sais, mais au fond de moi, je sentais que ma place était sur cette estrade. J’étais conscient que j’étais en train de bafouer des traditions extrêmement vieilles et qui m’étaient étrangères, mais je ne supportais pas l’idée de repartir en laissant cette femme face à sa sentence. Se disaient-ils qu’ils lui faisaient une grâce en lui laissant la vie ? C’était pire ! Ce châtiment était une réelle torture. Je me fiche de ce qu’on peut faire à de vrais criminels dangereux, ou à des personnages hauts placés des gouvernements ennemis, mais à des femmes fragiles qui volent pour nourrir leur enfant... Je ne peux pas. Je ne peux pas fuir. « Ce sera mon seul avertissement, Votre Altesse. » Je détestais son ironie. Leandra finit par me rejoindre. J’aurais pu croire qu’elle me rejoindrait dans ma cause, mais c’était son mari, face à nous. Devant tout ce monde, elle n’allait sûrement pas le contredire. « Je suis persuadée que Markus ne pensait pas à mal, Warand. La punition était sans doute exagérée, mon époux. Cette femme n'avait rien. C'est l'honneur du prince qui l'a poussé à agir, rien de plus. » L’honneur du prince qui m’a poussé à agir ? Peut-être. Mais j’ai des principes différents des leurs. Comment se comporterait Warand sur mes terres ? Il me juge, mais je ne suis pas idiot : il s’agacerait face à nos jugements… Plus réfléchis. « Je ne peux pas parler en sa place, mais il avait tord. Je suppose que cette punition lui est étrangère. » Elle s’approcha de Warand, tentant probablement de le calmer. Répugnant. Et ça n’avait pas l’air de marcher. Étrangement, je ressentis de la déception, du dégoût et des regrets. Elle ne pouvait agir autrement, je le sais, mais je lui en voulais tout de même. Je mettais toute ma volonté pour me convaincre qu’elle n’y pouvait rien, qu’elle en faisait déjà trop, que c’était son rôle ici… Mais rien n’y fait. Je me sentais comme trahi par ma seule amie sur l’île. Elle était mariée à un sous-homme, alors qu’elle méritait un Prince. Mon regard passait de Leandra à son mari, puis de son mari à elle. Elle voulait que j’abandonne, mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais pas. Dés que mes yeux plongeaient dans ceux du petit garçon, dés que je me retournais vers la voleuse, je ne voyais qu’un appel à l’aide. Et j’étais le seul à avoir le courage de me tenir face aux Stakka. S’ils me tuaient, mon père leurs déclarerait la guerre. Les Heyward se rallieraient aux Blackrain. Ils n’auraient aucune chance, ce n’était absolument pas dans leur intérêt de me faire du mal. « Non. Ma réponse est non. » Mais ma réponse à quoi ? « Je ne descendrai pas de cette estrade. Cette femme est sans défense, et son enfant est ici, en train de la regarder se faire fouetter par un homme faisant deux fois sa taille. Libérez la. Je payerai sa viande, et je prendrai sa place, ici même » D’un geste, je retirais ma chemise et observais Warand. Il ne s’y était apparemment pas attendu. « L’honneur du Prince. Si je m’en vais, je me sentirais lâche. J’aurais l’impression d’être faible et soumis. Je suis un invité, certes. Mais un invité doit-il oublier ses principes parce qu’un homme, un seul, le lui demande ? Si c’est le cas sur cette île, alors j’en suis navré, et faites moi prisonnier ou tuez-moi. Vous déclencherez une guerre. Les Seigneurs des terres d’où je viens seront sans merci. Ils vous attaqueront, encerclant Sheheron, envoyant leurs meilleurs éléments. Vous n’avez pas peur, je le sais, mais vous mettez tout votre peuple en danger. Vous vous méfiez de nous, Warand Stakka, mais vous êtes votre propre ennemi, seules vos décisions vous mèneront à la paix ou la guerre. Laissez partir cette femme, acceptez mon arrangement, et rien de cela arrivera » Ces gens devaient me prendre pour un fou : subir un châtiment à la place de quelqu’un d’autre. Mais je n’étais pas effrayé. L’honneur ! Je ne me remettais pas des mots de Leandra, et si je faisais comme si je ne lui en voulais pas, j’étais blessé. Qu’ils me punissent à la place de la femme, que le marchand prenne mon argent, et qu’ils me laissent libre. C’est leur seul espoir de paix.

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Warand G. Stakka

Warand G. Stakka
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMar 1 Mai - 15:28

Warand, sur son cheval commençait à rire intérieurement. Il ne fallait jamais tenter de jouer au plus malin avec les Stakka. Même Léandra avait tenté de le lui faire comprendre, seulement ce prince arrogant, perclus de ses « principes » osait se comporter avec les lois de Sheheron comme si elles étaient des lois de sauvage. Warand resta stoïque face aux déclarations de sa femme. Elle tentait de ménager les deux hommes, cependant, Warand voyait bien que ce support du bout des lèvres venait de blesser le jeune prince. Il semblait être un écorché vif hargneux et imbu de son bon droit. Ainsi c’était la façon dont les continentaux comptaient traiter avec les gens de Sheheron ? Markus ne le savait pas, mais à cette heure-ci, par ce geste, il venait de rallier le peuple de Sheheron aux partisans de Warand. Oui, la loi des Stakka était violente et non, les gens ne l’appréciait pas, cependant, il y a une chose que les habitants toléraient bien moins que les guerrier Strakka brutaux : remettre en cause des lois sous prétexte qu’elles apparaissent barbares pour des étrangers. Martkus voulait jouer le rapport de force ? Excellent, les Straka n’avait fait que cela toute leur vie. Il néglieait une chose. Oui, Warand pouvait le tuer, oui il y aurait une guerre mais, si Sheheron la perdait, combien de soldats des Blackrain et de leurs alliés mourraient contre les Strakka ? Et, si jamais Markus mésestimait les talents de général de Warand ? Si ce débarquement était raté ? Il croyait peut être qu’il suffirait de charger des navires pleins de soldats et de débarquer à Par Volen pour faire un monceau de cadavre ? Il croyait peut être que les Strakka faisait la guerre à la régulière ? Il se trompait lourdement. La guerre ne serait pas une histoire de chevalier, ce serait une guerre à livrer à chaque mètre, une nouvelle bataille à chaque soldat. Et il faudrait encore maîtriser le reste de l’île, les forêts, les plaines où la guérilla constitué d’habitants de l’île connaissant les lieux comme leur poche se battrait avec acharnement, sans compter le soutien de la population locale qui permettrait à des groupes armés de subsister dans Par Volen elle-même. Il pouvait peut être gagner la guerre des batailles rangée, mais combien d’homme faudrait-il pour assurer la paix sur Sheheron ? Combien de milliers d’hommes bloqués sur cette île pendant que les autres souverains du continent chercheraient à faire chuter les Blackrain affaibli par un conflit sans fin ? A qui croyait-il parler ce petit prince qui se pensait intouchable ? Il parlait à un homme qui avait relevé son clan au sommet du pouvoir et dont les adversaires avaient été autrement plus dangereux que Markus. Le vaste sourire de Warand s’agrandit lorsqu’il vit à quel point il allait pouvoir retourner les arguments de ce petit imbécile contre lui. Warand n’allait pas céder, il allait manipuler le prince avec sa propre peur. Il ne voulait pas voir de femmes sans défenses mourir ? Combien mourrait pour cette petite guerre de principe si la guerre était déclarée ? Et surtout, combien de jeunes hommes du pays de Markus allaient mourir pour cette femme, cette simple voleuse ? Warand était prêt à payer le prix du sang de l’ensemble de ses soldats, et prêt à tuer tous les habitants de Sheheron, peu importait sa femme ou le Conseil. Ce qui se jouait ici, ce n’était plus la vie de cette femme, à l’instant même où Markus était intervenu, c’était la face du Chef des Armés. Il ne céderait jamais face à un étranger, sans aucune considération pour les conséquences. La corde sensible ne marchait pas et s’il voulait jouer au plus stupide ou au plus fou, il venait de rencontrer son maître. Warand descendit de son cheval. Il s’approcha de Markus, toujours aussi souriant. Markus voulait jouer ? Warand allait jouer et suivre toutes ses menaces absurdes. Il bailla bruyamment lorsque le jeune prince évoqua les seigneurs de ses terres qui se « montrerait sa ns merci » avec Sheheron s’il mourrait. Certes, et alors ? Les soldats semblaient tendus, il savait que lorsque leur chef souriait, cela promettait des bains de sang et de larme. Il se retourna vers sa femme un instant, n’avait-elle pas été prévenue par son époux que ceci devait forcément arriver ? Son regard était celui de la victoire : ce que Markus venait de dire était simple : vous, habitants de Sheheron, faites ce que nous voulons, ou moi, Prince Markus, je ne manquerais pas de mourir pour provoquer une guerre. Il commença sur un ton plutôt badin à discuter afin de faire monter la tension de la situation progressivement.

-Ma femme m’a longuement fait votre éloge Prince Markus. Généralement, elle ne se trompe pas pour discerner la valeur des gens de bien qui sont, par nature, de grands naïfs. Vous croyez qu’il s’agit d’un bout de viande et d’argent ? ça aurait pu l’être si vous vous étiez mis de côté gentillement. Au lieu de cela vous avez décidé d’employer des mots bien grands. Guerre en particulier et « sans merci » pour qualifier vos seigneurs. Vous ne devriez pas parler ainsi Votre Altesse.

Warand faisait les cents pas en regardant le sol, il faisait semblant de réfléchir. Il fallait que Markus voit qu’il était encore plus fou qu’on ne le pensait, et qu’il ne reculerait devant rien.

-Prenons votre hypothèse au sérieux. J’ordonne à mes archers de vous tuer ici même. Votre père est furieux et déclare la guerre. Sheheron perdrait certainement face à vos armées et vos alliés. Mais, je me pose une question… Combien de temps cela prendra-t-il ? Pour gagner la guerre ? J’ai la prétention d’être un bon général, j’ai beaucoup d’homme et cette île est immense. Combien de batailles ? Combien de milliers de morts de part et d’autres ? Mille ? dix milles ? Et après votre victoire ? Hum ? Jeune Prince ? Que fera votre père ? Il devra maintenir vingt-mille homme ici en permanence pour éviter les rebellions et les insurrections contre l’oppresseur étranger… Et ce de façon permanente. Sans compter l’attitude détestable qu’aurait la population à l’égard de vos seigneurs. Comment fera votre père ? Moi j’ai ma petite idée, il déportera la population de Sheheron, rasera le Palais du Peuple et apparaîtra comme un tyran aux yeux du monde. Ou bien il se retirera et je vous souhaite bonne chance pour tenter de remettre un pied sur Sheheron et d’y avoir une quelquonque influence. Et cela, c’est l’hypothèse positive. Celle où je n’entre pas dans les détails.

Warand s’approcha de Markus, ils se trouvaient face à face. Warand dépassait le jeune prince de plus d’une tête. Il fallait qu’il baisse la tête pour regarder. Une lueur de folie et de sadisme venait de s’allumer dans l’œil de Warand, le prince allait plier, car Warand ne bluffait jamais sur ces choses-là. Le fait d’être puissant ne se trouvait pas dans de belles déclaration, mais bien dans les actes, des actes ignobles que Warand commettrait s’il en était forcé. Maintenant, Warand allait commencer à dire quelques vérités à ce jeune prince odieux et plein de sa bonne conscience de continental.

-C’est pour cela que vous êtes ici en qualité de diplomate et pas de général, Prince Markus. Parce que votre père est plus malin que les autres, parce qu’il sait qu’il peut peut-être vaincre les armées de Sheheron, mais qu’il ne peut pas « vaincre » Sheheron elle-même. Il aura beau y mettre un millions d’hommes, elle ne se donnera jamais à lui. Parce qu’elle est à son peuple, pour toujours et à jamais. Vous êtes là parce que la diplomatie est le seul moyen pour vous d’avoir une place ici à la place des autres. Et ça, votre père le sait. Donc, si vous voulez mon opinion, si je vous emprisonne maintenant et que je fais envoyer un message à votre père pour lui expliquer les raison de votre détention, il ne m’enverra pas une armée. Il m’enverra un messager afin de négocier votre remise en liberté à l’amiable. Parce que s’il attaque cette île, il ne pourra pas la garder, ainsi, soit il en reviendra au même point, soit il perdra son royaume à cause des autres prédateurs du continent.

Warand élargit encore son sourire, dévoilant ses dents comme un loup montre les crocs.

-Alors Votre Altesse ? Prête à risquer son royaume pour une voleuse de viande que de toute façon je ferais fouetter ? Vous préférez peut être envoyer un message à votre père, je suis prêt à rester ici le temps d’avoir sa réponse, des semaines s’il le faut, pour vous montrer que je dis vrai, et que je suis prêt, moi, à assumer dix mille, cent mille et même un million de mort sur ma conscience. Je brulerais cette île toute entière, dussé-je en mourir plutôt que vous aillez ici ne serait-ce que l’influence sur le destin d’un moustique. Mon peuple restera libre de vous et de votre bonne conscience arrogante. Et si après il veut me haïr et me trancher la tête, alors se sera son droit le plus strict et je saurais l’accueillir avec les honneurs qui lui sont dus et les flèches qu’il mérite. Mais vous, prince Markus, vous allez rester à votre place, celle d’un invité. Parce que je n’aurais aucun scrupule et vous le savez, à vous mettre dans une geôle, et à lâcher vos hommes nus et sans, nourriture dans des endroits très inhospitalier.

Warand se recula en maintenant le regard et fit un signe aux archers qui bandèrent leurs arcs. Les soldats descendirent de leur cheval et sortirent leurs épées. Ils attendaient simplement l’ordre de Warand pour procéder à l’arrestation. Le sourire de Warand s’évanouit et il reprit son air sombre et colérique de toujours. Pour une fois que sa femme se montrait raisonnable, c’était à lui de faire des excès, mais le pire, c’était bien qu’il était capable de faire ce qu’il prédisait, d’engager une guerre même si elle est perdue simplement pour prouver au prince qu’il valait mieux obéir lorsque l’on est pas chez soi. Et surtout, parce que si un jour l’histoire de cet incident survenait, Warand en serait le héros, le résistant et Markus le symbole de l’oppression. Parce que les gens ne retiennent que ce qu’on leur fait retenir. Et ce que Warand leur montrait là, c’était la légitimité de ses craintes : celle qu’un jour, un étranger pose le sol sur cette île et dise « Ceci est à moi car vous êtes des sauvages et que les sauvages ne possèdent rien. ». En l’espace d’une seconde, il venait peut être de faire avancer la cause de Warand de plusieurs années. Finalement, il lui en était reconnaissant.

-je vais vous apprendre une chose prince, pour plus tard, lorsque vous serez roi : on ne survit pas en politique si l’on a peur de tout perdre. Je me suis élevé parce que ma propre vie n’a à mes yeux aucune valeur, parce que je ne me bat pas pour moi, mais pour mon clan, pour cette île et depuis peu sa place dans le monde. Je préfère la voir périr dans les flammes plutôt que de voir les dirigeants de son peuple dominé par un étranger. Et votre père ferait pareil chez lui, enfoncez-vous cela bien profondément dans votre crâne de continental. Personne ne me fait peur, ni vous, ni ma femme, ni votre père, ni la guerre ni personne. Le peuple de cette île est né libre, il mourra libre, et cette liberté coulera toutes vos menaces avant même qu’elles ne puissent être proférée.

Warand fit signe à ses gardes d’approcher. Il regarda sa femme, il l’avait presque oubliée à force de planifier sur la comète les conséquences des menaces stupides de ce Prince. Au moins, Léandra pouvait voir de quoi ils étaient capables tous les deux. Ainsi, Markus qui aimait tant cette île était prêt à la mener dans une guerre à cause de ces petits principes ? Et le tout en traitant à travers les Stakka tout le peuple de Sheheron de barbare. Il ne restait plus qu’à ajouter la touche finale à ce tableau afin que sa femme ne puisse pas lui reprocher d’être trop expéditif et inflexible. De toute façon, le rapport de force n’était pas et n’avait jamais été en la faveur du prince. Warand porta le dernier coup. Léandra le savait mieux que personne, on ne fait pas de chantage à un Stakka, encore moins à Warand, car ils ne craignent rien. De fait, cette tactique se retournait souvent contre celui qui l’utilisait.

-En raison de l’amitié sincère que vous porte ma femme, de votre rang et parce que votre père a jusqu’ici été un homme de parole dans les relations entre l’île et le continent, je vais faire une exception et vous demander une nouvelle fois de vous écarter de cette femme… Car je n’hésiterais pas une seule seconde à vous faire mettre au fer.
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Leandra R. Paragon

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMar 1 Mai - 17:19



le dragon, l'aigle et l'ogre
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Je croisais le regard de Markus, et il ne m'en fallut pas plus pour comprendre qu'il ne lâcherait pas l'affaire. Ni lui, ni Warand d'ailleurs. Pourquoi étaient-ils aussi orgueilleux et têtus les uns que les autres? Cela menait à des situations si compliquées que cela ne pouvait être qu'une mauvaise chose. Markus semblait blessé, trahi, certainement par le fait que je me rangeais du côté de mon mari. Qu'espérais-il que je fasse après tout? Que je prenne son parti? A lui, un étranger? Il ne l'était plus pour moi, mais il l'était pour tout le reste de l'île. Que je dise qu'il a raison de bouleverser des coutumes vieilles de milliers d'années? C'était fou à lier. Si je le soutenais, nous serions tous les deux pendus pour diffamation. Mais comment pouvais-je le lui faire comprendre? Il semblait déterminé, et je savais qu'il l'était. Mais c'était dangereux, et je n'avais pas de moyen de le lui dire. Il devrait le comprendre par lui même. Mais y arriverait-il avant que la situation ne dégénère?

Warand lui semblait ravi de la tournure que prenait la situation. Markus reprit la parole, pour s'expliquer. Son discours résonnait en moi, comme un écho qui semblait incroyablement juste et vrai. Mais il sonnait aussi comme quelque chose de défendu, quelque chose de fou et d'insensé. D'un geste brusque, il retira sa chemise, proposant à Warand de prendre la punition de la jeune femme. J'en restais bouche bée. Lorsqu'il prononçait les mots fatidiques et en voyant Warand esquisser un sourire, je faillis bondir en avant, m'agenouiller près de mon mari et le supplier de ne rien lui faire. Mais je n'en fis rien. Je restais là, observant le soleil se refléter sur le torse nu du prince. Et pour la première fois il m'impressionna. Il se tenait là, bravant mes interdictions, bravant la foule, bravant tout le reste. Il avait parlé, il avait réagi et il avait agi pur ses convictions, peu importait sa vie. Il se battait pour quelque chose de plus fort que cela. Il n'avait pas peur, ou ne le laissait-il pas paraître. Il se tenait là, de toute sa grandeur, imperturbable. Prêt à donner sa vie pour une femme qu'il ne connaissait pas. Si vous m'aviez demandé quelques semaines auparavant ce que j'en pensais, j'aurais dit qu'il était fou à lier. Mais maintenant... Je le trouvais tout simplement beau.

Même si il était incroyablement stupide et borné! Je détournais mon regard de lui, sentant mon coeur battre la chamade. La situation ne me plaisait pas et je me sentais encore plus mal qu'avant. Pour la première fois aussi, le soleil me dérangea, comme une brûlure sur ma peau, alors que j'avais besoin de calme et d'ombre pour réfléchir. Ce qu'ils se disaient ne m'importaient pas vraiment. Je savais de quoi ils parlaient. Je comprenais en revanche les intonations sarcastiques et meurtrières de Warand, contrastant avec le ton poignant de Markus. Cela n'aurait jamais du se passer comme ça. Warand croisa mon regard, et je le soutenais, espérant qu'une parcelle de raison en lui lui permettra de ne pas obéir à Markus. Il ne reculerait devant rien. Rien au monde n'allait pouvoir racheter ce qu'avait fait Markus. Il s'était opposé à lui, devant tout le peuple. Comme j'étais obligée de lui obéir et de le soutenir, il devait garder une façade de chef militaire. Tout cela ne présageait rien qui vaille.

Warand mit pied à terre, passa devant moi pour s'approcher de Markus, tout en semblant lui donner une leçon. Je pouvais sentir qu'il mourrait d'envie d'agir là, de faire quelque chose, de lui prouver qui était le chef ici, si tant était qu'il y avait quelque chose à prouver. Je n'étais pas d'accord avec ce qu'il disait, et ses mots avaient beau ne pas m'être destinés, je me sentais insultée rien qu'en les écoutant. Je décidai de fermer mon esprit à ce que Warand lui disait, j'espérais que Markus ferait de même. Lorsque Warand monta sur l'estrade à son tour, la pauvre femme poussa un gémissement, et je fis moi même un pas impulsif vers eux. Je crus pendant un moment qu'il allait le faire. Mais cela serait pour Warand un abaissement de faire ce que Markus lui disait, même si sans doute, il aurait aimé le faire. Il n'obéissait à personne, voyez vous. Mes pensées me dégoûtaient, surtout parce qu'elles étaient inspirées de a vérité. Warand pouvait dire ce qu'il voulait de Markus, la vérité était qu'ils n'étaient pas si différents qu'il le prétendait. On aurait presque dit deux chiens se bagarrant pour un morceau de viande. Et qui était donc ce morceau de viande? Cette jeune femme? Ou bien était-ce moi?

Warand termina en lui disant qu'il n'hésiterait pas à l'emprisonner. Pour ma part, j'étais soulagée. L'envie de meurtre était passée. Je remarquai alors que les soldats s'étaient rapprochés autour de nous. Me sentant comme à l'étroit, je fis de nouveau un pas vers les deux hommes. Je jetai un regard émeraude à Markus, tentant de sonder s'il m'en voulait ou non. Warand avait semblé ragaillardi du fait de savoir que j'étais avec lui. Même si moi, je n'étais avec personne. Je voulais simplement que cette altercation se finisse. J'aurais fait n'importe quoi pour que l'on me vie un sceau de glaçons frais sur la tête, tant la lourdeur de l'atmosphère m'assourdissait. J'étais incapable de penser, incapable de parler. Je me décidai finalement à intervenir, profitant d'un moment de silence entre les deux hommes. Justement, en raison de notre amitié, je ne veux pas qu'il soit blessé. Puis je m'approchais un peu de Warand, lui disant un peu plus bas, mon regard portant néanmoins sur Markus. Vous n'avez rien à prouver. Pas plus à moi qu'à lui. Espérons que ces mots réussiraient à le calmer. Markus n'avait toujours pas remis sa chemise, le châtiment était toujours envisageable. D'autant plus que la proximité des soldats m'effrayait.

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Markus S. Blackrain

Markus S. Blackrain
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMar 1 Mai - 17:39

chaque jour a son injustice


« Ma femme m’a longuement fait votre éloge Prince Markus. Généralement, elle ne se trompe pas pour discerner la valeur des gens de bien qui sont, par nature, de grands naïfs. Vous croyez qu’il s’agit d’un bout de viande et d’argent ? ça aurait pu l’être si vous vous étiez mis de côté gentiment. Au lieu de cela vous avez décidé d’employer des mots bien grands. Guerre en particulier et « sans merci » pour qualifier vos seigneurs. Vous ne devriez pas parler ainsi Votre Altesse. » « Peut-être suis-je stupide. Peut-être que les Continentaux ont une intelligence inférieure. Peut-être n’ai-je pas la même valeur que vous. » L’entendre parler de Leandra comme sa femme me répugnait, aussi préférais-je ignorer le reste. J’étais en position de faiblesse, mais je ne pouvais pas m’écarter. On m’avait élevé ainsi, avec les valeurs d’un chevalier, et m’en aller m’était tout simplement insupportable. Il était certain que c’était la chose à faire, mais je ne pouvais pas. Ce peuple voulait que je comprenne leurs coutumes, chose que j’essayais de faire depuis mon arrivée ici, mais pourquoi ne cherchaient-ils pas à comprendre les miennes ? Mes traditions et mon éducation, ainsi que mon caractère, m’empêchent d’être lâche et d’abandonner cette femme et son enfant. Le stéréotype du chevalier sauvant la veuve et l’orphelin ? Ridicule mais vrai. Je ne peux me battre contre moi-même, contre ce que je suis et ce qui fait de moi un homme différent. S’ils ne peuvent comprendre nos différences, alors que mon père envoie un autre ambassadeur qui saura leurs parler, une personne pleine de diplomatie et qui sait s’adapter. J’ai essayé, et j’ai échoué. Mais j’aurais échoué sans contrer mes valeurs morales, et ça c’est une victoire. Mon père sera déçu, il me privera peut-être du trône, préférant Reghan. Mais je vivrais sans être hanté et sans me dire qu’aujourd’hui, j’ai manqué à mon devoir. Warand commença une hypothèse sur le futur, si une guerre venait à éclater. Il n’avait pas tort, mais je trouvais qu’il nous sous-estimait un petit peu trop, blessant mon orgueil. Il pensait son île immense, mais avait-il une idée de la taille du Continent, à côté ? À l’écouter, je n’en étais pas très sûr. Une famille vassale normale a entre 1 000 et 4 000 hommes à son service… Je vous laisse faire le calcul si deux royaumes s’allient. Il a calculé cette guerre comme s’il était le seul bon stratège, et que seuls ses soldats sont forts. D’accord, il faut l’admettre, ils sont robustes, mais je vous laisse vous référer à David et Goliath. Ce qui pouvait paraître étonnant, c’est que je n’avais pas peur et que tout ce qui m’alimentait à l’heure actuelle, c’était cette adrénaline. Warand s’approcha de moi, il me dépassait d’une tête. Je n’hésitais pas à plonger mes yeux dans les siens, tentant d’y recueillir toutes les informations nécessaires : les yeux ne sont-ils pas les reflets de nos âmes ? Il voulait que je me plie, que j’abandonne, que je lui sois soumis, et je n’allais pas lui offrir cette satisfaction. Il croit probablement que la vie m’a toujours souri, que j’ai grandi dans un monde doux et affectueux, mais il se trompe. Mon statut de Prince ne m’a pas apporté cela. Très jeune, j’ai du apprendre à me battre et très jeune, j’ai du me présenter sur les champs de bataille. J’ai appris à vivre en côtoyant la mort, alors mourir ne me fait plus peur. Warand se croyait puissant parce qu’il ordonnait des sentences ignobles, parce qu’il ne ressentait rien en tuant, mais la grandeur n’est pas là. Il pense qu’agir comme un monstre est la seule clé pour diriger, mais le Continent est la preuve qu’il existe d’autres moyens. Il nous méprise, et c’est son droit. Mais un homme peut acquérir la puissance et le respect en étant moins violent. Il a raison, mon père enverra seulement un messager, mais cela n’arrivera que si je suis vivant. Cette situation était simple au départ, une femme qui a volé un morceau de viande, mais le fond était beaucoup plus important. Il pensait que cette situation était devenue aussi grande par ma faute, mais j’en prenais la responsabilité qu’à moitié : son soldat fouettait une simple voleuse. L’écart est bien trop grand entre la faute et le châtiment, et c’est un problème d’injustice qui mérite qu’on se penche dessus. Je ne bougeais pas, l’écoutant parler et le regardant sourire bêtement. Il était fier de lui, n’est-ce pas ? Mais n’avait-il pas compris que j’étais un peu fou ? Je me concentrais sur ma respiration, me calmant, comme on avait essayé de m’apprendre quand j’étais petit. J’avais toujours montré beaucoup d’impulsivité, plus que les autres membres de ma famille, et ce n’est pas peu dire. Il ne voulait pas qu’on le menace, mais maintenant, il s’attaquait à mes hommes ? Il se recula enfin et ses soldats bandèrent leurs arcs, pointant leurs flèches sur moi. Je ne pouvais le nier, je commençais à sentir la peur se saisir de mes membres, mais je la contrôlais, la freinais. Leandra, quant à elle, restait au bas de l’estrade, observant la scène sans rien comprendre, probablement déchirée. « Je vais vous apprendre une chose prince, pour plus tard, lorsque vous serez roi : on ne survit pas en politique si l’on a peur de tout perdre. » Ma seule envie était de lui sauter à la gorge, qu’importent les conséquences : peur de tout perdre ? Je proposais mon corps à la place de cette femme, je m’offrais à eux pour l’emprisonnement, je leurs donnais ma vie, j’étais prêt à la guerre, et j’avais peur de tout perdre ?! Mon poing se resserra quand mon regard croisa celui de Leandra. Mon cœur rata un battement, mais je me détournais, blessé par cet homme qui était son mari. Le petit garçon, lui, avait arrêté de pleurer et la femme avait les yeux embués de larmes. « Le peuple de cette île est né libre, il mourra libre, et cette liberté coulera toutes vos menaces avant même qu’elles ne puissent être proférées. » Cette phrase me fit étrangement sourire. Quelle idiotie : ce peuple serait probablement plus libre avec les lois du continent. Pour la première fois depuis mon arrivée ici, je faisais preuve de fermeture d’esprit, et c’était probablement une réaction à l’accueil que j’avais reçu. Seule Leandra s’était ouverte à nous — et encore, pas toujours — et on m’avait demandé de les comprendre. J’en avais assez que cela n’aille que dans un sens. Warand me proposa « une dernière chance », et sans rien dire, je la déclinais d’office. Si tel est son bon vouloir, qu’il m’emprisonne. Mais Leandra réagit. Elle ne voulait pas que je sois blessé. Mais peut-être était-ce déjà fait, même si j’essayais de ne pas lui en vouloir. Elle murmura quelques mots à Warand, je ne tentais même pas de capturer quelques mots. « Je suis désolé, Leandra. Mais je ne peux pas. Que votre peuple me haïsse, que votre peuple me rejette… Mais le seul moyen de me faire quitter cette estrade sont les fers, et votre mari m’en a gentiment proposés. Je ne me bats pas par orgueil, enfin peut-être un peu. Je me bats pour ce en quoi je crois, pour ces valeurs qui m’ont suivi depuis mon enfance, ces principes qu’on m’a inculqués. Vous battriez-vous contre ce que vous êtes, et ce qui fait de vous une personne différente, parce que vous êtes en terre inconnue ? D’accord, je suis en position de faiblesse. Je ne suis pas chez moi, je n’ai pas beaucoup d’hommes, et je ne vaux rien face à deux de vos guerriers. Qu’on m’emprisonne ou qu’on me tue ! J’aurais la satisfaction d’être resté digne par rapport à moi. Alors oui, je m’oppose à vos coutumes et à vous tous, mais je ne regrette rien » Je tendis mes main vers Warand pour qu’il puisse m’attacher les mains. Les archers me visaient toujours, prêts à lâcher au moindre signal de leur chef. « Allez-y, enfermez-moi. Mon Roi enverra un messager pour des négociations. Mon frère deviendra l’héritier et je perdrai mon titre de Prince. Cette femme sera tout de même fouettée. Mais je n’aurai pas été lâche et soumis ».

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Warand G. Stakka

Warand G. Stakka
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMar 1 Mai - 20:47

La situation commençait réellement à devenir tendue entre les deux hommes. Warand luttait contre son envie de l’étriper là, tout de suite. Il suffisait de sortir son épée, de se battre, peut-être de mourir face à lui, cependant, le Prince avait commis la faute, il ne fallait pas que Warand perde cet avantage, tant que le chef de guerre ne perdait pas son calme et faisait les choses en accord avec son inflexibilité habituelle, le peuple de Sheheron l’approuverait, et les arguments de Markus tomberaient dans le néant. Pourtant, l’arrogance de Markus exigeait un châtiment, il fallait lui montrer que jamais le pouvoir de cette île ne tolérerait une telle ingérence dans des affaires qui ne regardait pas les continentaux. De toute évidence, le cap des mots était franchi par le Prince, rien ne le raisonnerait. Pas même le fait que les menaces de guerre qu’il proférait soient sans effets sur Warand et ses hommes. Il tentait d’imposer la marche des évènements ici depuis le début de cette affaire. Il jeta un coup d’œil discret à sa femme, il savait que si ses mots tentaient de faire croire à un soutien à Warand, son esprit entier soutenait Markus. Il ne parvenait pas à comprendre ce lien qui les unissait. Cela le rendait ivre de rage, il comprenait que jamais il ne pourrait ni être proche ni comprendre sa femme en ne se reniant pas lui-même, il lisait dans les lueurs de son regard, dans ces plissements de l’esprit que sont les yeux plus que de l’amitié, mais de l’admiration. Markus avait perdu une bataille politique, mais il venait d’en gagner une autre que seuls les trois protagonistes pouvaient déterminer. Il refusait, il continuait de refuser et il allait continuer à essayer de combler son retard en croyant pouvoir dicter les scénarios, il captivait sa femme par sa rébellion tandis que Warand ne lui inspirait que dégoût par sa brutalité, c’était un fait. Warand n’avait cessé de dire à sa femme qu’il ne fallait pas voir les gens tels qu’on voudrait qu’ils soient, mais tels qu’ils sont. Il s’appliquait en ce moment cette maxime à lui-même. Et ce genre de sacrifice, chemise nue, tête dans la lumière prêt à recevoir le fouet du bourreau pour défendre une femme pauvre, il y avait dedans tout ce que Warand n’était pas et ne serait jamais mais tout ce que sa femme appréciait. Il se demandait pourquoi ? Pourquoi ces minables effets de manches et de style pouvaient la captiver à ce point ? Qu’est-ce que Warand faisait de mal à par lutter pour la survie de l’île ? Oh non, il n’était pas un jeune homme plein de bons sentiments et de bons principes, il n’était pas du genre à s’offrir pour des coups de fouets face à un pouvoir injuste, il était le pouvoir injuste contre qui tout le monde glosait. Il récoltait la crainte, la peur et l’effroi alors que d’autres se contentaient d’enlever un vêtement pour mettre une donzelle dans leur poche. Que savait-il du pouvoir ? Ce jeune freluquet ? Que savait-il de la diplomatie ? Rien, il se contentait d’être là et de vivre, de se croire partout chez lui. Il venait ici pour comprendre Sheheron, pas pour la modifier. Il venait de briser ce serment et pourtant, malgré tout ça, l’esprit de sa femme continuait à le soutenir. Elle ne voyait pas le danger de ses paroles, elle ne voyait pas que son argumentaire était la voie ouverte à la réduction en esclavage de leur peuple ? Quand ces bons continentaux décideraient de civiliser ces barbares de Stakka, il le ferait au nom de ce jeune prince et de son interposition, ils feraient miroiter au peuple les libertés du continent, mais en fait, ce n’était derrière que soumission et condescendance, derrière ces beaux mots de principes, de valeurs et de vertu universelle se cachait en fait la voie à l’affaiblissement de Sheheron. Warand était obligé de prendre le mauvais rôle, celui qui donne le coup de fouet. Depuis sa plus jeune adolescence on l’avait conditionné à prendre des décisions difficiles afin d’assurer la survie de sa tribu et de son île, il en prenait tous les jours. Il prenait sur lui la responsabilité de centaines de morts, il était comme écrasé par ce pouvoir et malgré cela, sa femme ne percevait rien, elle ne voyait que Markus tentant de sauver cette femme. Elle s’obstinait à lui susurrer des âneries pour lui affirmer qu’il n’avait rien à prouver. Elle se trompait, tout était affaire de preuve, justement. Pour la première fois, Warand se sentait pourtant tiraillé. Son devoir ? Ou sa femme ? Il pouvait choisir de mettre fin à tout cela, maintenant, il lui suffisait de partir, sans rien faire, laissant gagner Markus. Seulement il en serait terminé de la loi des Stakka. Oh certe sa femme le porterait en plus grande estime mais lui-même ? S’estimerait-il toujours lorsque le peuple de Sheheron serait traîné dans des zoos humains pour la curiosité des dames de la cour ? Et surtout, pouvait-il éternellement se renier lui-même pour Léandra ? Chaque mot du Prince lui fit serrer les dents, comme un violent coup de poings asséné terriblement à chaque syllabe. Léandra voulait du martyr ? Il allait lui en donner ! Il se mit à hurler sur le prince, définitivement excédé. Cette fois, c’était certain, les choses allaient dégénérer.

-Loin de moi l’idée que les continentaux sont des idiots ! Vous ne comprenez rien ! Ici, vous à Sheheron, vous êtes face à l’autorité de cette île. Que feriez-vous si jamais j’exigeais qu’un voleur chez vous soit fouetté ? Alors que vos coutumes sont différentes ? Lorsqu’on s’invite chez les gens ce n’est pas pour critiquer la façon dont ils agencent leurs meubles ! Votre arrogance est répugnante !

Puis vint le laïus, ce fut le bouquet. Il voulait sauvegarder sa petite morale, il voulait devenir une sorte de martyr pour la cause. Cette fois-ci, il était allé trop loin, la tolérance impressionnante dont Warand avait fait preuve jusqu’ici s’évanouit. Alors il acceptait les fers ? Et bien qu’il continue de rêver, le nouveau plan de Warand était bien plus tordu que cela. Puisque tous les moyens de pressions verbaux de Warand étaient inutiles, il allait lui faire comprendre à lui et à sa femme que le martyr sur Sheheron n’existait pas et que ceux qui se prétendaient tels étaient des imbéciles. Il ne regardait plus sa femme. La colère venait de prendre le dessus. Et elle savait que lorsque c’était le cas, c’était une colère froide, faite de calcul aussi sournois que géniaux et qui, souvent, se finissaient dans le sang. Le destin venait de se mettre en marche et c’était un militaire de carrière brutal, ambitieux et doté d’un sadisme et d’un génie défiant toute concurrence. Voyant l’attitude que Warand avait commencé à prendre, la foule avait fui, elle connaissait bien son Chef de Guerre, plus personne n’était en sécurité. Il ne resta plus dans tout le marché que lui, ses gardes, sa femme, Markus, la femme et son enfant. L’horreur pouvait commencer.

-Gardes, veuillez-vous saisir du Prince Markus.

Les soldats descendaient de leurs chevaux. Ils avaient les fers à leurs mains. Ils s’approchèrent doucement de Markus et lui passèrent les lourdes menottes de fer aux mains avant de l’éloigner de l’estrade. Warand fit signe de l’amener près de lui. Il se tenait de nouveau face à Markus, sans aucun sourire cette fois, simplement une lueur de jalousie, de haine et de colère dans le regard. Il s’approcha si près que les deux hommes pouvaient sentir leur souffle l’un sur l’autre. La main de Warand bougea jusqu’au pommeau de l’épée du prince et il la tira de son fourreau afin de le désarmer. Il en observa la lame. Bel ouvrage, indubitablement. Il fit signe à Drafko de venir vers lui et ils s’éloignèrent un peu. Warand lui parla doucement à l’oreille. Darfko eu un rictus et serra les dents lui aussi. Même Warand semblait n’être pas très heureux de ce qu’il disait. Drafko réfléchis un moment et fit un signe affirmatif de la tête. Il devait l’avouer, Warand aurait préféré qu’il dise non. Les deux hommes se serrèrent dans les bras. Il connaissait Drafko depuis longtemps et même ce n’était qu’un soldat de base, il considérait chacun d’eux comme ses enfants. Drafko se mit en place et fermit les yeux. Warand se plaça face à lui, il brandit l’épée du prince et fit une belle entainne sur tout le torse de Drafko qui tomba à terre. Warand avait réussi à rendre la blessure superficielle, du moins si Drafko arrivait à marcher d’ici une heure jusque chez un guérisseur.

-Comme vous pouvez le voir soldats, le prince a agressé avec son épée l’un des nôtre, avant de s’opposer à mon autorité deux fois. De plus, il a résisté lors de son arrestation….

Les soldats comprirent tout de suite ce que leur chef avait en tête. L’un des cinq épéistes donna un violent coup avec le pommeau de son épée dans le dos du prince menotté. Et ils continuèrent à le rouer de coup, visage, ventre, ils n’épargnèrent rien. Warand continuait à expliquer la version qui allait devenir la version officielle des évènements.

-… ce qui explique pourquoi les forces de l’ordre ont dut agir promptement pour l’arrêter et pourquoi le Conseil de Sheheron s’excusera auprès de sa Majesté pour les moyens un peu brutaux qui ont dû servir à ramener son fils à la raison

Il laissa tomber l’épée dans le sable et sorti cette fois-ci la sienne. Il s’approcha de la femme et l’enfant. Ils voulaient du martyr ? Ils en auraient pour leur argent ! Cette fois-ci, sa femme aurait toutes les raisons de le désapprouver et de soutenir Markus tant en mot qu’en esprit.

-Le reste, c’est entre nous. Vous voulez rester dans votre droiture morale ? Grand bien vous fasse votre Altesse.

Le mouvement fut impeccable. La lame traversa le ventre de la femme de part en part, il y eu un gémissement, puis du sang sorti de sa bouche, d’un coup de pied, Warand dégagea le corps de sa lame ce qui envoya l’indigente valser contre les étals, l’enfant cessa de pleurer, il était en état de choc. Sa mère venait de se faire tuer sous ses yeux. Warand poussa sa folie meurtrière plus loin. Il décapita le cadavre de la femme et envoya rouler la tête jusqu’au prince.

-ça, c’est ce qui arrivera à tous les gens que vous tenterez d’extraire à l’application juste de la loi. Histoire que la prochaine fois, vous ne puissiez pas dire que vous n’étiez pas au courant.

Warand se tourna ensuite vers l’enfant et s’approcha de lui, son épée encore sanglante. Le gamin ne bougeait plus, paralysé et fasciné par cette bestiole immense, cette tonne de haine palpable incarnée dans des muscles. Warand le regardait droit dans les yeux. Il pouvait le tuer, ici et maintenant. Warand rangea son épée et posa un genou à terre pour se mettre à la hauteur de l’enfant.

-Je viens de te prendre ce qu’il y a de plus cher au monde pour un petit garçon… Moi non plus je n’ai pas beaucoup connu ma mère. Aussi, il est juste que je te donne une chance de la venger.

Warand sorti de nulle part un petit poignard et fit une petite entaille de sa main libre, il répéta la même opération sur le garçon et serra sa main. Le garçon ne semblait pas comprendre. Warand venait d’honorer une vieille coutûme Stakka, un serment de sang, un peu similaire à celui qu’il avait fait avec Morrigan mais chez les Stakka, cela ne formait pas un contrat, c’était une sorte de don.

-A présent, tu es un Stakka. Tu vas être emmené par mes hommes, tu seras nourri, logé et instruis et tu subiras l’épreuve des Stakka pour devenir officier avec les membres des illustres familles. Si tu survis, lorsque tu le désireras, je t’accorderais un duel de revanche, et alors, nous serons quittes.

Après quoi il assomma le garçon d’un direct du droit en pleine figure et le prit sur son épaule comme un vulgaire sac de pomme de terre. Il le déposa tout aussi brutalement devant les pieds de Drafko.

-Tu sais quoi faire de ça. S’il échoue lors de l’épreuve, envoie-le aux mines, et si le destin veut qu’il puisse se venger, alors nous honorerons ce décret de la providence. Ah et j’oubliais, le prince étant un hôte de marque, malgré ses nombreux manquements à la loi caractérisée, il ne sera ni emprisonné ni chassé de son poste. Disons qu’il bénéficie de la faveur de la Gardienne et de son mari qui le trouvent distrayant.

Les soldats donnèrent un dernier coup à Markus pour le plaquer au sol avant d’enlever les menottes alors que Warand s’approchait de son étalon noir. Le visage de sa femme était rempli d’horreur. Il s’y attendait. Il ne fallait pas tenter de contrarier un Stakka jaloux, tous ici venaient d’en faire l’amère expérience. Il s’approcha d’elle comme un animal blessé. Et lui dit tout bas. Comme saoul à force d’avoir but de la jalousie en bouteille. Sa parole suintait aussi le mépris.

- On dit qu’un martyr sans sang n’est pas un vrai martyr, je sais que tu les adores Léandra, je t’en offre un, ne me remercie pas. C’est de bon cœur.

C’était la première fois qu’il brisait autant ses propres codes en ce qui concernait les phrases adressée à son épouse. La première fois qu’il contrôlait à peine ce qu’il disait. Il fallait l’avouer, son seul but avait été de lui faire mal. Heureusement, il avait pu masquer ce motif par des raisons politiques valables, mais il voulait la voir souffrir comme les héros qu’elle adorait tant. Il lui en voulait qu’elle ne puisse l’accepter et que son esprit soit toujours prompt à le condamner lui et ses actions. Et plus encore, il lui en voulait d’avoir fait passer dans ses propres actions la dimension sentimentale de sa jalousie illimitée avant de vrais motifs politiques et de préférer un mirliton romantique qui offrait son corps aux fouets comme une fille de joie à son client à lui, le chef de guerre soucieux de son devoir et conscient que les principes ne peuvent être les seuls et uniques directeur de l’action. Il la haïssait en cet instant de choisir dans son esprit le fou romantique qu’était Markus au fou rationnel qu’était Warand. Il remonta sur son étalon, et fit aller son destrier jusqu’au prince à terre.

-Osez évoquer cet incident une seule fois en ma présence ou en celle de mes gardes, prince Markus, et je romprais mon serment avec le gamin pour mieux vous envoyer sa dépouille. En plusieurs fois, en commençant par les orteils et en remontant le long du corps. Profitez bien de votre Séjour à Sheheron et envoyez mes amitiés à votre honorable père.

Les soldats rangèrent leur épée et remontèrent sur leurs chevaux. Warand ne regardait pas sa femme. Il devait l’avouer, il n’arriverait pas à la regarder en face. Il se contenta de l’ignorer superbement et reparti au galop. Ils avaient provoqué l’Ogre, et l’Ogre avait répondu, ils avaient perdu.
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Leandra R. Paragon

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMer 2 Mai - 14:08



le dragon, l'aigle et l'ogre
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Vous battriez-vous contre ce que vous êtes, et ce qui fait de vous une personne différente, parce que vous êtes en terre inconnue ? De tout son discours, de toutes ses paroles, ce fut celles ci qui me marquèrent le plus. Tout mon être avait beau être révulsé de la situation, je devais avouer que ces paroles avaient pris racine, et me faisaient réfléchir. Je le fixais longuement, ignorant parfaitement ce que je devais faire. Il m'avait adressé la parole, s'excusant pour commencer, alors qu'il n'avait rien à se faire pardonner. Ce n'était simplement pas une façon de faire ici. Et plus il parlait, plus je me sentais honteuse de me comporter de la sorte, de ne pas le défendre, alors qu'il m'ouvrait les yeux. Je baissais le regard au bout d'un moment, méditant ses paroles en silence. Il termina sa tirade en offrant ses poignets nus aux fers dont il était question un peu plus tôt. A l'écoute de ses mots, je sentais mon coeur se gonfler d'une fierté que je n'avais pas à éprouver, mais qu'il m'était impossible de mettre de côté.

Si Warand répliqua d'ailleurs au début par une crise d'hystérie en hurlant sur Markus, il se calma très vite, comme regrettant ce rapide manque de concentration. Lorsqu'il reprit la parole, ce fut d'un ton froid et calculateur, méprisable et dédaigneux. Gardes, veuillez-vous saisir du Prince Markus. J'esquissai un mouvement, mais déjà les deux gardes se resserraient devant moi, m'empêchant tout passage. J'aurais voulu crier, mais aucun son n'arrivait à sortir. Deux guerriers s'approchèrent de Markus, lui passant les fers. Warand reprit sa place sur l'estrade, et bientôt, il fut tout près de Markus. Je ne bougeais plus. Je ne respirais plus. Quelque chose de mal arrivait, je le sentais, et on coeur se serrait de peur et de rage dès qu'un mouvement se profilait. D'un geste brusque, Warand dégaina l'épée de Markus, qui elle même sembla crier ardemment à la liberté. Le soleil se refléta sur l'éclat de la lame et m’aveugla un instant. Warand prit à part Drafko et pendant un moment, j'osais espérer qu'il s'en prenne à lui et à personne d'autre. Ils parlèrent à voix basse. Je tentais de capter le regard de mon mari, qui m'évitait avec soin depuis tout à l'heure. Et alors, aussi vif que l'éclair il créa une entaille sanguinolente dans le dos du guerrier. Un gémissement aigu me fit froid dans le dos, il venait de la femme. Elle tremblait, de tous ses membres, et elle semblait incapable de bouger. Pétrifiée.

Ce qu'il dit ensuite me fit regretter de ne pas avoir suffisamment de force ou de pouvoir pour intervenir. J'étais révoltée, tout simplement. Je ne tolérerai pas ça ! hurlais-je en bondissant en avant, me heurtant aussitôt à la barrière de soldats. Cela ne servait à rien, il ne m'écoutait pas. Il ne m'écoutait plus. Ou l'avait-il déjà fait? Il examina l'épée un moment, et soudain, Markus tomba à terre, suite à un coup dans le dos. Un gémissement étouffé me parvint, et puis plus rien, simplement des bruits de coups. Les Stakka se déchaînaient sur Markus, le rouant de coup. De loin, je ne le voyais plus. Je ne l'entendais plus. J'apercevais simplement un éclat de peau de temps à autre, et surtout, de la fumée faite par le sable qui s'élevait autour des Stakka. Laissez moi passer, arrêtez ça ! hurlais-je au barrage humain devant moi. L'un se retourna et me poussa en me jetant un regard dédaigneux. Je lui répondais alors du tac au tac, consciente de l'urgence de la situation. Je suis une Gardienne, tu n'as aucun pouvoir sur moi. Il m'avait semblé que cette personne qui leur faisait face, n'était plus moi. Cette phrase sembla beaucoup l'amuser, et il me répliqua que je n'avais aucun droit dur lui. Impuissante, je bondis en avant à nouveau, mais voyant que je ne pouvais pas passer, et voyant que Markus était toujours à terre, la peau rougie par les coups, affolée, ma voix dérailla et je hurlais en dernier espoir son prénom, en vain.

Je clignais des yeux pour y chasser l'eau, et je reportais mon regard sur Warand. Quelle sorte de monstre était-il? Il s'approcha de la femme, et là encore je redoutais ce qu'il allait faire. Sans plus attendre, comme si c'était une situation habituelle, Warand avait dégainé son épée, et l'image que je perçus ensuite fut la femme transpercée de part en part, se noyant dans son propre sang. Le son ne me parvint qu'après, étonnement, un horrible craquement d'os et de chair. Elle n'eut pas le temps d'agoniser que Warand lui coupait la tête, l'envoyant valser près de Markus. Incapable de bouger, ma tête se mit à bourdonner, et il me fallut un moment pour me rendre compte que je manquais d'oxygène. Je tentais de reprendre ma respiration, mais je n'y parvenais pas, les battements de mon coeur semblaient faire obstacle à l'arrivée d'oxygène. Ma tête tournait, et j'eus la mauvaise idée de jeter un regard en direction du corps de la femme, gisant sur le sol, le sang continuant encore à s'étaler. Un haut le coeur me secoua, et je m'agrippais à une caisse en bois, située à côté de moi. Je me forçais à respirer, mais c'était douloureux, et j'avais l'impression d'être devenue sourde. Comme si tout se passait au ralenti. Lorsque je trouvais la force de relever les yeux, je vis que Warand s'était approché du garçon, et qu'il lui parlait. Bientôt il l'assomma, et les soldats déguerpirent en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Je n'avais pas bougé, le regard fixé sur la masse dégoulinante qui était autrefois une femme.

Soudain Warand était près de moi. Je ne l'avais pas vu approcher. On dit qu’un martyr sans sang n’est pas un vrai martyr, je sais que tu les adores Léandra, je t’en offre un, ne me remercie pas. C’est de bon cœur. Sa voix mielleuse et doucereuse sembla me transpercer comme un poignard, et en deux temps, il était reparti. Nous étions seuls à présent. Je mis un moment à 'en apercevoir. Je tournais lentement la tête autour de moi, les larmes brouillant ma vision. Le corps de la femme se soumit à ma vue une nouvelle fois, et je m'écroulais, ne sentant plus sous mon poids qu'une paire de bâtons fragiles. Les mains appuyées contre le sol, j'en serrais le sable que je pouvais attraper, imaginant à défaut d'avoir quelque chose de mieux, que c'était Warand. Inutile de chercher du bien chez lui. Je le haïssais. Lui, et toute sa clique. Tous autant qu'ils étaient. Je les haïssais. Mais s'il y avait quelqu'un que je haïssais encore plus, c'était moi. Si j'avais agi, elle ne serait pas morte. Son fils ne serait pas formé à la mort pour devenir l'un d'entre eux. Rien de tout cela ne serait arrivé. Un brusque sanglot me secoua, et je lâchais prise sur le sable comprimé dans mon poignet pendant qu'une larme traversait mon visage sec. Tout ceci était ma faute, la mienne et seulement la mienne. Même si Warand en était l'investigateur. Et me voilà, à sangloter, assise par terre, telle une enfant apeurée. Gardienne? Gardienne de quoi? A quoi pouvait bien me servir ce stupide statut si rien ne me permettait de protéger ceux que je voulais protéger et empêcher les actions viles? Tout ceci était stupide, voilà tout. Si tant était qu'il y avait des dragons. A quoi est-ce que je pensais bon sang? Si seulement Markus m'avait éc...

Markus. L'avais-je pensé ou dis à voix haute? Il s'imposa à mon esprit comme une évidence. Je prononçais son prénom comme dans un souffle, et je tournais sur moi même, me plaçant dans sa direction. La peau de son torse nu avait pris une teinte uniformément rouge, et parfois violacée. Je ne le voyais pas bouger, mais les larmes brouillaient toujours ma vue. Alors lentement, je tentais de me remettre sur mes pieds, sans grand succès. Je me retrouvais là, marchant, rampant, trébuchant, pendant un temps qui me sembla être une éternité. J'arrivais finalement près de lui, m'écroulant à ses côtés. Le voyage m'avait épuisée, et j'étais dans un état lamentable. Je n'arrivais toujours pas à reprendre ma respiration, j'avais l'impression d'être constamment essoufflée. Je clignais des yeux, me penchant par dessus le prince dans un effort surhumain, et une nouvelle larme roula le long de ma joue. Je tirais cette force de bouger de quelque chose plus fort que l'inquiétude ou le désespoir, la peur ou la tristesse. Il m'avait donné ces forces là. S'il était mort, jamais je ne me le pardonnerai.

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Markus S. Blackrain

Markus S. Blackrain
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☞ CITATION: « Je lui aurais volontier pardonné son orgueil s'il n'avait pas blessé le mien »
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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMer 2 Mai - 17:19

chaque jour a son injustice


À chacune de ses paroles, j’avais l’impression que ses tripes allaient se dégager pour se répandre à mes pieds. Il était dédaigneux, et je comprenais qu’il le soit, vu que je devais prodigieusement l’agacer. « Gardes, veuillez-vous saisir du Prince Markus. » Les gardes me passèrent les menottes, lourdes et abîmées, et pourtant résistantes. Warand en profita pour me prendre mon épée, et j’en fus étrangement offusqué. Comme si elle faisait partie de moi, ne plus l’avoir, ne plus la contrôler me dérangeait fortement. Surtout qu’il pouvait tout faire avec, m’accuser de milliers de maux, sans que je n’aie aucune preuve pour me défendre. Aucune preuve en dehors de la parole de Leandra qui ne pouvait pas contrer son mari. Il l’observa un instant, puis prit le bourreau à part. Ils échangèrent quelques mots, j’essayais de lire sur leurs lèvres mais je ne compris rien, ne maîtrisant pas assez leur langue pour ce type d’exercice. Je savais que je pouvais, que je devais même, m’attendre au pire. Allait-il tous nous tuer ? Il en était capable, et c’est ce qui me faisait peur désormais. Cet homme était fou, mais il était même pire que cela. Je l’étais, fou, mais différemment. Je ne semais pas la terreur de cette manière, je n’étais pas un tyran. Je savais prendre des décisions difficiles, — mon père ne m’aurait jamais envoyé ici autrement au vu de mon manque de diplomatie — je savais donner des ordres, je savais être généralement apprécié. Je n’avais jamais eu d’altercation avec mes hommes, du moins très rarement, et tous me respectaient. Je n’avais pas besoin de jouer sur l’exercice de la terreur, j’étais au dessus de ça. Sans me vanter. Alors que j’essayais tout simplement de regagner confiance dans l’intimité de mes pensées, un événement auquel je ne m’étais pas attendu se produit. Usant de mon épée, cette arme que j’avais toujours considérée comme le prolongement de mon bras, il taillada son homme. Son garde. Son allié. Soumis, il avait l’air d’accord avec cela, et il courut voir un médecin (probablement). Ma lame était rougie par le sang, un sang que je n’avais pas voulu voir sur elle. Warand commença à exposer la version des faits, une version falsifiée. Comment ce peuple pouvait faire confiance à un menteur ? Il mentait, non pas pour protéger les lois, mais pour protéger son pouvoir. Ce sont des coutumes, certes, mais les coutumes ne sont-elles pas vouées à changer ? Les mœurs évoluent avec le temps et la société, voulait-il rester à un même stade durant des siècles ? Ce peuple était ambitieux et beaucoup étaient jeunes, peut-être rêvaient-ils de changement ? Je ne parle pas d’importer ma culture continentale ici, mais de les laisser se développer, plutôt que s’accrocher à des façons de faire brutales et meurtrières. Si cet homme qu’il avait délibérément blessé pour que je porte le chapeau de cet acte n’arrivait pas à Morrigan à temps, alors il mourrait. « De plus, il a résisté lors de son arrestation… » Moi-même compris l’ordre. Le pommeau d’une épée vint s’enfoncer dans mon dos, me créant sans aucun doute un hématome gros comme mon poing. Ou leur poing, je ne saurais dire. Je n’eus pas une seconde de répits que les autres gardes s’attroupèrent autour de moi pour me rouer de coups. Mon visage, mon ventre, mon dos, mes jambes même ! Si j’avais laissé échapper un gémissement lors du premier coup, j’étais désormais presque silencieux, incapable de prononcer un seul mot, incapable de laisser échapper un seul bruit. Je n’écoutais même plus Warand, essayant simplement de me renfermer sur moi-même pour supporter la douleur. Ces hommes, ces guerriers, étaient forts et j’étais le seul être à frapper. Bande lâches ! avais-je envie d’hurler. Les coups s’arrêtèrent enfin et j’avais tout juste la force de tourner la tête pour observer mon ennemi. Warand Stakka. Il laissa tomber mon épée au sol et dégaina la sienne, s’approchant de la voleuse. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre qu’il allait la tuer. J’aurais voulu hurler, j’aurais voulu me relever et m’interposer, la protéger, mais je ne pouvais pas. Ma côte fragilisée devait être de nouveau cassée, et d’autres avaient du suivre. J’avais des difficultés à respirer, un poumon perforé ? Aucune idée, mais la douleur était là. Et elle était finalement bien faible, quand on savait ce qui attendait cette femme. La lame de Warand la transperça d’un coup sec, net, , sans faute. Puis rapidement, ne la laissant pas souffrir (et le connaissant, c’était extraordinaire), il la décapita. Mes yeux se tournèrent vers le petit garçon, seul et apeuré. Je devais l’admettre, pendant que le géant s’approchait de l’enfant, j’ai bien cru qu’il allait lui réserver le même sort. Mais il n’en fit rien. Je me détendais donc, me laissant aller à mon chagrin. Je ne sais pourquoi, mais je me sentais extrêmement lié à cette femme qui venait de perdre la vie. Sa tête avait roulé jusqu’à moi, elle avait encore les yeux ouverts. Tout ce que j’y lisais, c’était de la frayeur. Me sentant coupable, je lui fermais les yeux malgré les chaînes qui m’alourdissaient les poignets, comme pour lui apporter un semblant de paix. « Je suis désolé… », Murmurais-je dans le vide, n’absorbant plus un seul mot de Warand. Je ne sais ce que celui-ci dit à ses hommes d’ailleurs, mais ils me donnèrent un dernier coup, le coup de grâce, avant de m’enlever ces lourdes menottes et partir. De longues secondes passèrent durant lesquelles je ne pensais qu’à cette femme qui avait juste voulu se nourrir. Son assassin m’apporta de l’ombre, se posant juste devant le soleil : « Profitez bien de votre Séjour à Sheheron et envoyez mes amitiés à votre honorable père. ». Mon père. Mon honorable père : c’était le cas de le dire. Je préférais ne plus penser à lui, à cet être qui avait été un des rares à croire en moi, toujours. Un modèle que je venais de déshonorer. Les secondes se transformèrent en minute dans le silence de la place désertée. Tous des lâches, incapables d’aider une femme. Parce que j’avais été le seul à m’élever contre cette tribu, parce que j’avais été le seul à avoir trouvé la folie et le courage de m’opposer, elle était morte. J’essayais de me convaincre que tout le monde était en faute dans sa mort, mais j’étais le seul fautif. Si j’avais été moins impulsif et moins orgueilleux, nous n’en serions pas là. Mais puis-je changer qui je suis ? Le sang qui inondait la place était chaud, et mon abdomen ainsi que mon visage devaient être trempés, collants, souillés. Je sentais qu’en moi, se battaient ma rage et ma tristesse, mon chagrin. En un instant, au travers des yeux de cette femme, un lien très fort s’était tissé, et il s’était brisé par ma faute. Soudain, l’ombre revint à nouveau. Je pensais d’abord à un nuage, mais un parfum que je connaissais très bien regagna mes narines. Leandra. Je ne savais si j’avais prononcé son prénom à vois haute ou dans mes pensées, mais il sonnait vrai. Elle devait être complètement déboussolée. Et contre toute attente, je lui avais déjà pardonné. Alors que je lui en avais voulu de ne pas m’avoir assisté, ces derniers évènements m’avaient fait oublier. La savoir près de moi me redonna la force nécessaire pour continuer. J’avais perdu une bataille contre Warand, une autre, mais je ne perdrai pas la guerre. Je devais désormais prendre sur moi, être plus subtil, plus fin. Il n’allait pas s’en tirer aussi facilement. Posant la pomme de ma main dans la flaque de sang, j’usais de toute ma force pour me relever malgré les nombreuses douleurs. Côte cassée ou autre, je m’en fichais totalement. Je devais réparer un maximum mes erreurs, puisque je ne pouvais pas faire comme si elles n’existaient pas. Sans faire attention à Leandra, je pris la tête de la femme dont je ne connaissais pas le nom puis m’approchais du reste de son corps. « Que mes Dieux et que vos ancêtres me pardonnent… » Je sentis une larme essuyer le sang sur ma joue, mais je la dégageais par fierté. « Leandra… Si j’ai bien compris, il faut brûler les corps à Sheheron, pour que l’esprit de la personne trouve la paix ? » Je n’attendais pas de réponse, simplement qu’on se mette au travail. Cette femme avait l’air d’être seule, sans famille en dehors de son fils, qui allait s’occuper de cela si ce n’était nous ? Moi surtout, qui lui devais cela après l’avoir indirectement tuée. Toujours sous le choc, j’allais ramasser mon épée et ma chemise devenue entièrement rouge. Même si elle était trempée de sang, je l’enfilais, ne faisant pas attention. J’observais une dernière fois la place où s’était retrouvé l’enfant, le petit garçon qui allait lui aussi devenir une brute. Mais il allait être logé et nourri, n’est-ce pas ? C’est le principal, même si c’était de moi qu’il devait se venger, pas de Warand. Repenser son nom me donna envie de vomir alors que je n’avais rien mangé, aussi préférais-je me renfermer à nouveau sur moi-même, comme je le faisais souvent, quand je n’étais pas bien. Quand je me sentais seul et déboussolé. Tel un enfant, je voulais rentrer chez moi, retrouver mon soleil d’hiver et ma neige, mon étalon. Mes frères. Mon père. Syanna même ! Natàn me manquait tout à coup. Je voulais tous les retrouver. Je devais revoir Aleksander, lui expliquer, me défouler sur lui. Il était le seul qui pouvait m’aider, me comprendre. Tout ce sang me rappelait Aurélia, comment elle était morte. Trop de sentiments de bousculaient d’un coup, et le soleil n’arrangeait rien à mon malaise. Mais j’agissais, malgré tout. « Je vais porter le corps, mes blessures ne sont pas bien graves. Il faut construire un bûché aussi » Je mentais, pour les blessures peu importantes. Mais je ne pourrais pas supporter de me faire soigner en laissant le corps ici, et ce sang aussi. Il fallait tout nettoyer. Respirant avec difficulté et me mouvant doucement, je me baissais pour prendre cette jeune femme dont la tête avait été séparée du corps. La vision était affreuse, le sang coulait encore à flot, ne laissant que de la chair, des muscles et des os, vide. Au fond de moi, je le savais. Elle allait me hanter. Son image allait revenir à moi, chaque nuit, chaque jour, dans cent ans comme dans un souvenir frais. Son image allait me suivre tout comme l’image du premier homme que j’ai tué.

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Leandra R. Paragon

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre.   [FLASHBACK] le dragon, l'aigle et l'ogre. Icon_minitimeMer 2 Mai - 17:53



le dragon, l'aigle et l'ogre
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Il se redressa, non sans grimacer. La couleur de sa peau me rappelait celle des poires violettes que nous avions mangé ensemble. Il se redressa, prit le temps qu'il lui fallait pour le faire, et il m'adressa la parole. Sa voix était pleine de remords, sans doute à cause de la mort de la jeune femme. Je baissais la tête, le regard fixé là où il gisait, un peu plus tôt. Sans croiser son regard, il se leva. Leandra… Si j’ai bien compris, il faut brûler les corps à Sheheron, pour que l’esprit de la personne trouve la paix ? Je hochais la tête, presque sans m'en rendre compte. Il me dépassa. Je me retournais pour le suivre du regard. La vision de la femme décapitée m'arrivait toujours, m'emplissant de dégoût et de nausée. J'essuyais d'un revers de main les quelques larmes qui avaient coulé. Tout en serrant la mâchoire, je me redressais, manquant de chanceler à nouveau. Il n'avait pas à faire cela tout seul. J'étais aussi responsable que lui. Il s'avança vers la femme, rattrapa sa chemise et la revêtit, se fichant apparemment qu'elle soit imbibée de sang. Il évacuait la chose à sa façon. Je l'évacuais à la mienne. Nous étions si différents.

Je vais porter le corps, mes blessures ne sont pas bien graves. Il faut construire un bûché aussi. Eprouvée par tout ce qu'il s'était passé, je n'étais pas prête à le contester, et encore moins à le materner avec ses blessures. Ce n'était pas rien, mais il le savait. Il voulait faire ce dernier acte. Et j'allais respecter sa volonté. Sans un mot toujours, j'étais de toute façon bien incapable de parler, je décidai de m'occuper de construire un petit bûcher. J'attrapais quelques planches de bois, des brindilles et des herbes. Il fallait au moins lui donner quelque chose, pour le passage dans l'autre vie. Un frisson de tristesse me parcourut, et il me fallut me forcer à lier les herbes entre elles pour ne pas craquer. Je prenais une inspiration, refoulant les larmes qui menaçaient de couler une nouvelle fois. Lorsque je revenais, Markus avait pris le corps, et il avait le visage fermé. Je ne lui dédiais qu'un regard fatigué, qu'il ne me rendit même pas. Peu m'importait, il était vivant. Le reste viendrait avec du temps. Je déposais le semblant de bûcher que j'avais fait, absolument pas fière de ce que je lui donnais. Markus déposa le corps sur l'amas de planches, la surélevant un peu. Le sang coulait toujours, et il avait complètement tâché la ceinture de Markus. Son manque de réaction m'affola pendant une seconde. En deux mouvements, je frottais deux pierres, et les braises mirent le feu au corps de la jeune femme décapitée. Je murmurai quelques mots, surtout pour ne pas rien dire. Le feu commença à prendre de l'ampleur, nous chauffant agréablement des flammes de l'enfer. Cette femme était morte pour rien. C'était une mort inutile. Et c'était notre faute. Les larmes revenaient à nouveau, et je me mordis violemment la lèvre pour ne pas me laisser emporter. Doucement, tendrement, ma main droite vint retrouver celle de Markus, et dès le contact, nos doigts s'entremêlèrent sous une initiative commune. Ce simple contact ne me procura que peu de réconfort, mais c'était déjà ça de prix. Je jetai un regard discret vers lui. La seule chose que ses yeux reflétaient, c'était les flammes dansantes du bûcher funeste. L'avais-je perdu à jamais?

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