Le stupre fut ce qui les a unis la toute première fois, aujourd'hui, leur union est scellée dans leurs alliances respectives. Amante d'antan, épouse d'aujourd'hui, Aaron ne parvient pas toujours à savoir la place qu'elle occupe réellement, même après tant d'années. Elle lui offre pourtant toutes les blandices qu'un homme pourrait souhaiter, l'étreint de tant de ferveur qu'il s'en juge parfois indigne. Il se sait parfois trop austère, Syanna se décourageant de le voir ainsi même à son contact. Leurs enfants demeurent à ce jour l'unique preuve qu'il y eut déjà une affection entre eux, quand bien même, le roi n'a jamais oublié Eleanor, sujet de discorde extrême entre le couple souverain. Pourtant, il l'estime plus qu'il ne le laisse songer, il est simplement peiné de ne pouvoir véritablement l'aimer.

Il est à la fois une fierté et une affliction, une douce chimère et un affligeant cauchemar. Markus ne ressemble que trop à sa défunte mère, le suzerain ne peut s'empêcher d'y percevoir la même nitescence au coeur de ses prunelles. C'est peut-être pour lutter contre lui-même, qu'Aaron est parfois particulièrement péremptoire avec son héritier, qu'il désire aussi forgé qu'il ne l'est. Cela ne l'empêche pas de se montrer affectueux envers son ainé, présent lorsqu'il en a besoin, un père plus qu'un roi quand la situation l'exige. Comme preuve de la foi qu'il place en lui, il n'hésite pas à lui confier toutes sortes de missions desquelles il était majoritairement satisfait. Il veille tel le rapace que sa progéniture soit digne, encline à symboliser leur écu avec autant d'égocentrisme que de subtilité. Ainsi, si tous ses enfants trouvent le même intérêt à ses yeux, il s'avoue plus critique envers le plus âgé.

Un fils exemplaire, un soldat comme son royaume en a peu porté, un guerrier dextre et puissant. Nombre de qualificatifs lui viennent à l'esprit lorsqu'il s'agit de converser sur Reghan, ce qu'il fait toujours avec fierté. Celui-ci semble né pour diriger, raison pour laquelle Aaron lui a ployé le commandant de l'une de ses troupes dans un premier temps, persuadé qu'il ferait un excellent général des armées lorsque l'expérience aura fait son office. Syanna nourrit la même opinion que lui, si ce n'est qu'elle illustre mieux leur cadet sur le trône, à la place de l'héritier légitime, chose que le souverain ne conçoit pas à moins qu'il n'y soit contraint. Cette réalité est une source de frustration pour Reghan, ce qu'il manifeste par un important besoin de considération. Il ne cesse donc de se pavaner devant son père qui n'est pourtant pas dupe, et s'exaspère de voir que son fils n'est jamais satisfait.

Les prunelles du suzerain scintillent d'orgueil lorsqu'elles se posent sur Arès, une fatuité enrichie de voir que son puiné est un bel exemple d'impartialité. Contrairement à la reine, Aaron affirme qu'il fait preuve d'intelligence en restant éloigné des anicroches familiales et il l'encourage en ce sens. Il n'est pas rare qu'il fasse appel à lui dans le but de pacifier Reghan, le sachant doté d'une rhétorique à toute épreuve. Il sait parfaitement qu'Arès souhaiterait partir vivre ses odyssées à travers les contrés étrangères, sa curiosité pour le monde a toujours été à son honneur et le roi sait que le laisser s'en aller serait la meilleure des choses pour son épanouissement. Ne pouvant néanmoins empêcher son instinct de père de s'inquiéter pour lui, il tente tacitement de lui enseigner quelques valeurs et performances martiales supplémentaires, pour que son fils soit prêt lorsqu'il prendra la décision de courir l'aventure. Et Aaron sait que ce jour arrivera.

Le benjamin de la fratrie, celui qu'Aaron qualifie de son " petit homme ", surnom qu'il préserve pour lui seul. Il a longtemps reproché à Syanna sa nature sur-protectrice envers leur dernier fils, et a donc récemment décidé de le prendre réellement en main en lui enseignant les tumultes d'une vie d'adulte, d'homme et de prince. Par son instruction, son père espère le faire mûrir et le rentre plus responsable, car il n'abhorre rien de plus que de le voir se dérober à ses devoirs. Il n'est par ailleurs jamais bien rassuré lorsqu'il sait Hector seul, craignant une énième bévue qu'il se devrait de sanctionner avec ardeur. Malgré toute la bonne volonté du souverain, il ne le voit encore que comme un enfant. Son enfant.

Leur haine commune n'a d'égal que leur puissance, Aaron voit en cette harpie la laideur d'âme incarnée et ne camoufle que rarement son mépris. Quand bien même ils sont liés par une proximité familiale, elle n'est pour lui qu'une macule sur sa toile, une tache qui corrode son tableau et dont il devra se débarrasser. Il est persuadé qu'elle a assassiné son époux, un ami qu'il regrette et dont il ne veut pas laissé la mort impunie. Enclin à déployer tous les moyens plausibles pour dénicher les preuves qui causeront sa déchéance, le roi fait preuve de patience, mais Cathlyn mourra de sa culpabilité, même s'il doit la tuer de ses propres mains pour cela.

Représentant constant de l'une des familles les plus surveillées du royaume, Ulrich est, pour le roi, un gage de sûreté. Parfaitement au fait de ce qui peut animer les Clarence, il a fait de leur lionceau son pupitre sur lequel il préserve un oeil avisé. Eduqué tel un cinquième bambin, Aaron n'en omet pourtant pas les desseins politiques qui le lient au jeune homme. Il l'apprécie pour ce qu'il est et veille qu'il ne souffre d'aucun manque, quand bien même il ne lui porte pas la même attention qu'envers ses fils légitimes. Il le sait, Ulrich sera une pièce substantielle de l'échiquier si les membres de son patronyme s'essaient à une nouvelle insubordination mondaine, ce à quoi il le conditionne depuis toujours.

Les Drahiyr, plus qu'un récit d'allégeance, une opuscule d'amitié. Le Pater de famille et le souverain ayant toujours nourri une certaine connivence, ce fut naturellement qu'Aaron accepta la présence de Natàn, fils de la lignée, en sa demeure. Il l'a vu grandir et devenir Homme, jusqu'à ce que malheur ne frappe son, aujourd'hui, défunt père. Si le roi le juge encore jeune pour assumer les responsabilités inhérentes à son statut, il le considère et le traite néanmoins comme le seigneur qu'il se devra d'être. Alliant ses efforts à la Dame Drahiyr, il conseille et aiguille le jeune chevalier dans la gérance de sa maison et son rôle au sein de la Cour. Car il le sait, cette maison vassale figure parmi les plus insignes de son royaume.