La journée avait été longue, je l'avais senti dès le moment où je m'étais levé. Le seul souvenir d'Eleanor hantait mes pensées au fur et à mesure que le banquet approchait. J'avais tellement envie de la revoir que j'en souffrais. C'est pourquoi l'arrivée d'Ulrich dans mes appartement ce matin là fut bien accueillie. Nous partîmes chasser, presque comme deux frères l'auraient fait, passant d'abord par le peuple, les saluant. Les conditions climatiques avaient beau être froides, ils arrivaient à vivre dans des conditions légèrement meilleures qu'elles ne l'avaient été. La partie de chasse dura plusieurs heures. Je ne cherchais pas réellement à attraper quoi que ce soit, comparé à Ulrich qui y allait à fond. Son enthousiasme me rendait ma bonne humeur, comme souvent d'ailleurs. S'il remarquât ma distraction, il ne fit rien remarquer, et bientôt nous rentrâmes. Quelques passants nous félicitèrent avec respect des trouvailles que nous ramenions, et Ulrich en distribua quelques unes, dont les lapins qu'il avait harponnés. Bientôt, il donna le reste des victuailles, et me quitta, descendant de son cheval à la poursuite d'une jeune femme qu'il semblait apprécier. Soit. Je hochais la tête, rentrant au palais, à nouveau pris dans ma solitude. Un domestique arriva, s'inclina, et m'informa que ma mère me conviait à dîner ce soir. Je souris dans l'idée de ce qu'allait être cette soirée. Un tête à tête avec ma mère, quoi de mieux pour se distraire! Je savais qu'elle n'aimait pas mon idée de ne pas succéder à mes frères au trône, mais qu'y pouvais-je après tout? Elle n'avait rien tenté pour me contrecarrer, donc elle ne ferait plus rien présent. J’espérais que j'avais raison.

Quelques coups d'escrime plus tard et un bon bain, je me rendais jusqu'aux appartements de ma mère. Les domestiques s'inclinaient en me voyant passer, et je hochais la tête pour les saluer. J'étais habillé simplement, une chemise blanche ample, et un pourpoint de velours pourpre, un pantalon foncé, et des bottes noires. Ma Mère se tenait là, et elle s'avança vers moi, m'embrassant avec chaleur et me saluant. Te voilà mon fils, j’ose espérer que je ne t’ai pas enlevé à quelques compagnons qui t’auraient été de meilleure compagnie que la mienne ce soir. Ou quelques compagnes d’ailleurs, qu’en sais-je ! Je sentis le rouge me monter aux joues. C'était ma mère, et pourtant elle m'avait toujours parlé comme l'aurait fait un ami. Je lui répondis, prenant sa main pour la baiser. Aucune compagnie n'est plus enviable que la vôtre, Mère. Je lui souris. Désires-tu une coupe avant que notre invitée n’arrive ? Je hochais la tête, et le domestique se précipita pour remplir nos deux coupes. Je n'eus pas réellement le temps de la déguster avec ma mère puisqu'une jeune femme que je connaissais bien entre. Nous voilà au complet mes chers enfants, prenons place je vous en prie… Dilys était arrivée. Les cheveux aussi noirs que la nuit, ils ne faisaient qu'encadrer un visage angélique et d'un blancheur immense, mettant en valeur des yeux vifs et aptes. Je la saluais d'un regard, et j'attendis que les deux femmes s'asseyent pour m'asseoir à mon tour.

Je m'excuse pour ce retard votre Majesté. Je m'étais rendue au village et je me suis laissée distraire par les marchandises. Je souris, plus pour moi même que pour elle. Je laissais ma mère lui répondre puisqu'elle ne s'adressait nullement à moi. Je trouvais la venue de la demoiselle étonnante, et si j'appréciais, je ne pouvais m'empêcher de me demander quel avantage ceci aurait pour ma mère. Avait-elle planifié quelque chose? Je ne savais pas, mais quelque chose me disait que cela n'était rien qui vaille. J'espère que vous avez fait bon voyage, Dilys. Nous nous connaissions depuis longtemps, surtout par l'intermédiaire d'Aleksander. Nous adoptions toujours une sorte de familiarité distinguée comme elle aimait l'appeler. Se vouvoyer... par le prénom. Je bus une nouvele gorgée de vin, et je m'adressais cette fois à ma mère. Quelle agréable surprise d'avoir convié Dilys à ce dîner Mère! Y a-t-il une occasion spéciale à cela?